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La Chine révèle le concepteur du J-20

18 juillet 2011   ·   1 Commentaire

Après des années à essayer de garder le secret, la Chine a confirmé que l’un des ses ingénieurs en aéronautique, Yang Wei, est un des concepteurs du J-20 présenté publiquement en janvier 2011.

Né en 1963, Yang Wei est diplômé de l’université à 19 ans et termine ses études supérieures trois ans plus tard. Il travaille rapidement à la Chengdu Aircraft Design Institute, et est nommé une décennie plus tard comme directeur. Jusqu’ici, Yang Wei a conçu un groupe de travail pour la conception du JF-17 Thunder (en partenariat avec le Pakistan), du J-10B et du J-20. Il n’a pas conçu l’original du J-10, mais simplement la version la plus réussie, le J-10B, et a fourni des mises à niveau importantes pour d’autres modèles J-10.

Yang Wei

Il est aussi le « père » du nouveau J-20, qui arbore un design furtif, et qui est encore en développement. Les concepteurs d’avions de combat se comptent sur les doigts de la main, et se regroupent au cours de quelques décennies (ou beaucoup moins s’il y a une guerre en cours).

Par exemple, Mikhaïl Simonov le designer russe récemment décédé à 82 ans fut le concepteur du bombardier Su-24, de l’avion d’attaque au sol Su-25 et de l’excellent chasseur Su-27.

Autre exemple, un designer américain (formé en Allemagne), Edgar Schmued, a conçu le légendaire P-51 Mustang pendant la Seconde Guerre mondiale, suivi du F-86 Sabre et du F-100 Super Sabre juste après la guerre. En Allemagne, Willie Messerschmitt a conçu le Me-109, le Me-110 et le premier chasseur à réaction Me-262 ainsi que plusieurs autres avions de la Seconde Guerre mondiale, et après la guerre.

En Chine, Yang Wei semble être le premier créateur d’avion dans cette lignée historique. Il n’est pas à l’origine du J-10, le premier chasseur à réaction moderne conçu et construit en Chine, ce qui explique peut-être les nombreux problèmes de cet avion.

J-10 et JF-17 : les premiers avions chinois

Le J-10 fut une tentative de créer un chasseur-bombardier moderne qui pourrait rivaliser avec les avions étrangers. L’expérience n’a pas été vraiment une réussite. Les travaux sur le J-10 ont commencé il y a vingt ans dans l’espoir de développer un avion comparable au MiG-29, au Su-27, ou au F-16 américain. Mais le premier prototype n’a pas volé avant 1998. Il y eut des problèmes permanents et des défauts de conception de base jusqu’en 2000. En 2002, neuf prototypes ont été construits, et une multitude d’essais en vol se sont succédés pour trouver et corriger des centaines de petits défauts. Ce fut une belle expérience d’apprentissage pour les ingénieurs chinois, mais il devint évident que le J-10 ne serait jamais compétitif avec les Su-27/30 achetés à la Russie.

Le J-10

Physiquement, le J-10 ressemble beaucoup au F-16 américain : une entrée d’air ventrale, un seul réacteur, et une masse similaire de 19 tonnes. Pa la suite, Yang Wei a considérablement amélioré le J-10 avec la version J-10B.

Mais c’est surtout avec le JF-17 (aussi connu sous l’appellation FC-1) qui a taillé la réputation de Yang Mei. Le JF-17 a été développé par la Chine en coopération avec le Pakistan, qui ne pouvait pas acheter de chasseurs modernes aux puissances occidentales pour des raisons politiques. À l’époque, la Chine n’avait rien de comparable au F-16 que le Pakistan possédait déjà. Le JF-17 se présentait comme une alternative à faible coût du F-16. Il est considéré comme l’égal des versions antérieures du F-16, mais n’est efficace qu’à 80% comparé aux modèles les plus récents du F-16.

La conception du JF-17 est basée sur le projet avorté du MiG-33 russe. A l’origine, le Pakistan souhaitait des équipements électroniques occidentaux dans le JF-17, mais la pression des États-Unis (qui ne voulaient pas que la Chine vole les technologies d’avion de l’Ouest) obligea la Chine et le Pakistan à utiliser leurs propres systèmes.

Le JF-17 peut transporter 3,6 tonnes d’armes et utilise un radar avec des missiles à guidage infrarouge. Il peut atteindre une vitesse maximale de Mach 2, une distance de 1300 km et une altitude maximale de près de 18.000 mètres (55.000 pieds). La Chine n’a pas encore décidé si elle utilisera l’appellation FC-1 ou JF-17 pour ses forces aériennes car le J-10 et le J-11 (la construction sous licence russe du Su-27) réponds déjà ses propres besoins. Le J-10, comme le JF-17, n’a pas fonctionné aussi bien que les Chinois l’avaient espéré, mais c’est une autre affaire.

Le J-20 : une furtivité d’apparence ?

Le JF-17 Thunder

Et puis il y a ce mystérieux nouveau chasseur chinois J-20, qui a fait son premier vol en janvier 2011. Vu de face, le J-20 rappelle le F-22 américain, mais sa forme générale, son poids et la puissance du moteur sont plus proches du F-15C. Le J-20 mesure environ 20 mètres de long avec une envergure de 13,3 mètres. Les ailes sont similaires au F-15C ainsi que la puissance du moteur. Mais le réacteur du F-22 est 65% plus puissant que celui du J-20, sauf avec la postcombustion allumée où les deux avions sont presque à égalité. Le F-22 est toutefois un des seuls avions au monde (avec l’Eurofighter et le Gripen) à pouvoir voler en supersonique sans utiliser la postcombustion.

Le J-20 évoque une certaine furtivité mais ce n’est qu’une esquisse. Il s’agit d’un prototype fabriqué en deux exemplaires, et non pas d’un avion destiné à la production en série. Il n’est que le cinquième chasseurs furtif au monde, les autres étant le F-22 et le F-35 (américains), le Sukhoï T-50 et le MiG-I.42 (russes). L’ancien F-117 n’était qu’un bombardier léger, et le B-2 est un bombardier lourd. Basé sur les récents projets de développement chinois (le J-10 en particulier), le J-20 ouvre une voie de développement à long terme, et sera susceptible de changer de taille et de forme avant qu’il n’atteigne sa conception de production.

Alors que la forme du J-20 lui confère un certain degré de furtivité, l’invisibilité au radar relève surtout de l’électronique embarquée et des revêtements spéciaux couvrant l’avion. On ignore comment la Chine a pu se procurer ces matériaux et s’il s’agit d’une création nationale ou de vol technologique. Les moteurs actuels du J-20 sont suffisants pour des essais en vol mais ils sont incapables d’assurer une vitesse de croisière supersonique, ce qui serait essentiel pour le J-20. L’avion est probablement conçu pour reconnaître et attaquer les porte-avions américains. Il ya deux ans, la Chine a annoncé qu’elle développait le moteur WS-15 (qui serait bien adapté au J-20). Aucune date de disponibilité n’a été donnée, ni s’il bénéficierait du même système de rejet d’air chaud que le F-222 (qui le rend plus maniable au combat).

Pour être un avion de supériorité aérienne, le J-20 aura besoin d’un électronique évoluée (radar et système de défense) et équivalente à celle du F-35 et du F-22. Jusqu’à présent, les Chinois n’ont pas encore rattrapé les chasseurs américains actuels. Mais l’écart se ressert notamment grâce à l’apport de technologies russes.

Les travaux sur le J-20 ont commencé dans les années 1990. Les Chinois savaient que cela pourrait durer 25 ans ou plus avant d’obtenir un chasseur-bombardier furtif concurrentiel. Son développement s’est néanmoins accéléré grâce à Yang Wei. Ce dernier semble également être un maître dans l’adaptation de licence de technologie étrangère à de nouvelles conceptions. Mais acquérir des technologies étrangères ne garantit pas le succès (comme l’a montré le J-10).

La « dernière génération » d’avions de combat pilotés

Le J-20 est une tentative de développer une avion de 5e génération avec discrétion. Le seul autre concurrent dans ce domaine est la Russie, où les développements de chasseurs de cinquième génération ont été suspendus lorsque l’Union soviétique s’est dissoute en 1991. En fait, tous les travaux de développement sur de nouveaux avions de combat, partout dans le monde, ont ralenti dans les années 1990. Seuls les programmes occidentaux de l’Eurofighter, du F-22, du F-35 et du Rafale ont continué, et sont devenus les avions les plus avancés aujourd’hui. MiG a repris le travail sur l’I.42 dans les années 1990, mais a dû s’interrompre après quelques années en raison d’un manque d’argent. Quant à Sukhoi, il n’a jamais cessé de travailler sur son T-50 grâce aux ventes importantes de Su-27/30. Cette cinquième génération d’avions devrait être surnommée la «dernière génération», car ils seront seront remplacés par la deuxième génération d’avions de combat sans pilote : les drones de combat (UCAV). Dans ce domaine, on ignore tout des travaux chinois.

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Commentaires postés ( 1)

  1. Syntaxerror9 dit :

    Le Rafale est lui aussi capable de super-croisière!
    De mémoire, Mach 1,4 avec 4 MICA et un réservoir supersonique (le tout sans réchauffe).





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