Après plus d’une décennie de développement du programme F-35 Joint Strike Fighter (JSF), les sénateurs de la commission de Défense des USA ont indiqué qu’il serait bon que le Pentagone trouve une alternative au chasseur furtif dont le coût devient « inabordable ».
Le coût du programme JSF, destiné à remplacer une grande partie de la flotte américaine d’avions de combat, est «inabordable» en l’état et doit être revu, a déclaré le 19 mai le responsable des acquisitions du Pentagone, Ashton Carter devant les sénateurs de la Commission de la Défense.
« Il me semble qu’il serait prudent que nous commençions à envisager des alternatives », a réagit le sénateur John McCain (Arizona) après avoir entendu les estimations de M. Carter.
« Le coût unitaire pour les 2443 avions que nous voulons a doublé en termes réels. Autrement dit, c’est ce que ça va nous coûter si nous continuons sur notre lancée et c’est inacceptable, c’est inabordable à ce rythme », a ajouté le sous-secrétaire à la Défense.
Le coût du programme s’établit dorénavant à 385 milliards de dollars, soit un coût par appareil de 103 millions de dollars à prix constants (sans tenir compte de l’inflation) ou 113 millions de dollars courants, a indiqué Christine Fox, responsable de l’évaluation des programmes et des coûts au département américain de la Défense.
Pour le sénateur républicain John McCain, cette inflation est « réellement troublante » alors que le prix unitaire constant était de 69 millions à l’origine.
« Aucun programme ne peut se poursuivre avec de tels antécédents, surtout dans le climat budgétaire actuel », a-t-il mis en garde.
Le F-35 ou Joint Strike Fighter (JSF), construit par Lockheed Martin, est le plus coûteux programme d’armement du Pentagone.
Une nouvelle enveloppe supplémentaire de 4 milliards de dollars porte désormais les seuls coûts de développement de l’appareil à 51 milliards de dollars, des chiffres «consternants» selon le président de la commission, le sénateur démocrate Carl Levin.
Pour Ashton Carter, les dépassements de coûts et les retards sont dus aux difficultés de conception de cet appareil doté de capacités furtives, notamment pour sa version à décollage court et atterrissage vertical, mais aussi à la culture d’abondance du Pentagone depuis le 11-Septembre.
«Il était toujours possible pour les responsables du programme, quand ils rencontraient un problème ou devaient faire un choix difficile, d’obtenir plus d’argent», a-t-il reconnu.
Mais les membres du comité du Sénat ne sont pas tous d’accord sur le fait qu’il est nécessaire d’étudier de nouvelles options.
Le sénateur John Cornyn (Texas), originaire de l’État où est produit le F-35, a indiqué que le Pentagone doit faire tout son possible pour protéger les installations de production du JSF. « Si vous allez mettre tous vos œufs dans le même panier, vous devez protéger le panier. » a t-il expliqué.
M. Carter a déclaré qu’il souhaite réduire les coûts de 20% à 50%. « Ce n’est pas une petite somme. » a t-il ajouté.
Mais Christine Fox, directeur de l’évaluation des coûts du Pentagone et du bureau d’évaluation des programmes, a jeté le doute sur cet objectif, en expliquant que même si l’on accélérait le développement de logiciels pour réduire les coûts, les réductions du fonctionnement et du maintien (operation and sustainment) sont une autre affaire
« Le soutien et le fonctionnement sont un domaine difficilement compressible, » précise Mme Fox, ajoutant que le coût du carburant, par exemple, ne sera pas facile à réduire.
Interrogé sur les coûts, Tom Burbage, directeur général du programme F-35 chez Lockheed Martin, précise que les coûts de maintien d’un chasseur de nouvelle génération n’est pas comparable aux appareils plus anciens.
Il affirme que le JSF a été développé sur une logistique basée sur la performance. Le programme est conçu pour durer jusqu’en 2065 et il répond à des règles de base que les anciens appareils ne connaissent pas, poursuit-il.



