Selon un rapport de l’ONU, Pyongyang et Téhéran ont échangé des procédés technologiques sur les missiles « par l’intermédiaire d’un pays tiers voisin ». Certains observateurs estiment qu’il pourrait s’agir de la Chine.
Les auteurs de ce rapport sur les violations des sanctions imposées à Pyongyang, dont l’AFP s’est procurée des extraits, soupçonnent que « des pièces entrant dans la conception de missiles balistiques interdits ont été transférées entre la République démocratique populaire de Corée et la République islamique d’Iran sur des vols commerciaux d’Air Koryo et d’Iran Air ».
Air Koryo et Iran Air sont les compagnies aériennes nationales de la Corée du Nord et de l’Iran, deux pays frappés de sanctions par l’ONU en raison de leur programme nucléaire.
La Corée du Nord aurait notamment eu recours à des avions cargo grâce à des mesures de sécurité moins sévères, affirme le rapport.
Préparé par un groupe de sept experts, le rapport précise que le matériel interdit est passé via « un pays tiers voisin » non nommé.
Selon des diplomates, il s’agit de la Chine, le plus proche allié de la Corée du Nord. Pékin a notamment persuadé le membre chinois du groupe d’experts de ne pas signer le rapport, selon le New York Times.
« Il va certainement y avoir d’âpres discussions sur ce rapport cette semaine », a confié un diplomate s’exprimant sous couvert d’anonymat. Il doit être examiné mardi et ne peut être publié qu’après accord unanime des 15 membres du conseil de sécurité, dont la Chine est membre permanent.
Le groupe de travail d’experts a été mis sur pied pour veiller à la mise en oeuvre de deux séries de sanctions du Conseil de sécurité contre la Corée du Nord en raison de son programme nucléaire. La Chine avait déjà bloqué en février un précédent rapport préconisant des sanctions supplémentaires contre Pyongyang.
La réaction iranienne
L’Iran a démenti le 17 mai tout échange de savoir-faire technologique en matière de missiles balistiques avec la Corée du Nord, qualifiant les informations contenues dans un récent rapport de l’ONU de « propagande ». « Nous avons toujours démenti (…) la propagande concernant la coopération entre l’Iran et la Corée du Nord sur le transfert de la technologie des missiles balistiques », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast.
« Ces informations ne sont pas exactes. Notre niveau technologique est tel que nous n’avons pas besoin de la technologie ou des pièces d’autres pays en matière de missiles », a affirmé M. Mehmanparast.
Les Russes tempèrent
« Le programme de missiles balistiques nord-coréen ne représente pas de menace sérieuse », a indiqué le 20 mai le chef-adjoint de l’état-major russe Viatcheslav Kondrachov.
« Selon les données de l’état-major, le programme de missiles balistiques de la Corée du Nord ne constitue pas une menace grave. Les missiles de type Taepodong (nord-coréens - ndlr) n’ont pas de troisième étage et d’ogive nucléaire. Mais le niveau technologique de la Corée du Nord ne lui permet pas de construire ces éléments », a déclaré M.Kondrachov lors d’une conférence consacrée au bouclier antimissile européen.
« Les essais du nouveau missile BM25 Musudan n’ont pas été proprement confirmés. Alors, la RDPC ne possède que des missiles aux ogives conventionnelles », a fait remarquer le responsable.
La réaction chinoise
De son côté, la Chine a appelé le 17 mai à « saisir l’occasion » de reprendre les pourparlers à Six (Chine, Russie, Etats-Unis, Japon et les 2 Corées) sur le dossier nucléaire nord-coréen.
« Au vu des changements positifs intervenus, nous espérons que les parties impliquées saisiront cette opportunité pour adopter des mesures concrètes en vue d’accélérer la reprise des négociations », a indiqué à Pékin la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Jiang Yu.
La porte-parole a toutefois refusé de commenter le récent rapport confidentiel de l’ONU selon lequel la Corée du Nord et l’Iran auraient, en violation des sanctions internationales, procédé à des échanges de technologies en matière de missiles balistiques.
« La Chine a toujours soutenu la dénucléarisation de la péninsule coréenne et prône le maintien de la paix et de la stabilité en Asie du Nord-est », a-t-elle annoncé. « Nous entretenons des contacts avec toutes les parties concernées ».

