La 5ème Rencontre Aviation Civile Aviation Militaire (RACAM) organisée le 19 mai à l’École militaire (Paris) fut l’occasion d’exposer les contraintes des drones dans l’espace aérien.
Pour l’instant, les drones opèrent de deux manières dans l’espace aérien. Soit dans des zones dites ségrégées c’est à dire isolées de tout trafic aérien, soit selon des règles dites de séparation qui définissent une altitude et une distance données. La raison de cette mise à l’écart est simple : le drone doit préalablement obtenir une certification « voir et éviter » qui valide sa capacité à respecter les distances de sécurité et à éviter les collisions. Dans ce domaine, la France et l’Europe ne sont pas les seuls à vouloir définir une règlementation. Les États-Unis, qui possèdent la plus grand flotte d’aéronefs non habités (UAV), sont même les premiers concernés.
« Le nombre d’escadrons d’UAV est en constante augmentation sur le territoire américain », explique le lieutenant-colonel James Drape de l’US Air Force. « Le drone Guardian* opère des missions de surveillance des frontières sur terre comme sur mer. Il nous permet de lutter contre les narco-trafiquants qui acheminent de la drogue par bateau vers la Floride. D’ici 2015, il y a aura des dizaines de bases d’UAV gérées par l’US Army et l’Air Force. Le problème est de partager l’espace aérien en toute sécurité. Pour cela, il faut mettre en place un certificat See and Avoid (SAA). » conclue James Drape.
Côté français, on soulève aussi la question des fréquences qui assurent les liaisons de communication entre le drone et le sol.
« Beaucoup de gens négligent la question des fréquences au sujet des drones, or c’est un aspect fondamental. Sans fréquence pas de drone. » rappelle le général Philippe Sireyjol (photo), chargé des fréquences à la DGSIC. « Les fréquences permettent au drone d’être piloté, de détecter et d’éviter un obstacle, et de communiquer avec le relais ATC au sol. », précise t-il.
« Le problème c’est que le temps de transit des données engendre une latence pour éviter des collisions lorsque le drone passe du relais ATC à la liaison satellite. Il faut donc utiliser des fréquences identiques à celles utilisées pour les charges utiles en coordination avec la Défense, et définir une norme internationale. Ces fréquences doivent être gérées par l’aviation civile pour basculer rapidement d’une bande à l’autre », ajoute Eric Allaix de la DGAC.
L’attribution d’une fréquence n’est pas le seul problème du drone. Le faisceau hertzien (télévision, radio) pose aussi des difficultés ainsi que le lobby économique du mobile.
« L’autre menace est la téléphonie mobile car les Méga Hertz iront là où il y a du chiffre d’affaires. Et le marché du mobile est très porteur. Il faudra donc partager les fréquences », s’inquiète le général Sireyjol. « Il vaut mieux définir une bande de fréquence commune (Ku et C par exemple) plutôt que mettre des antennes partout. Le mode ségrégé utilisé par la Défense c’est la préhistoire. C’est un système robuste mais rudimentaire. ».
* Le Guardian est un drone Reaper. Il sera exposé au Salon du Bourget en juin prochain.


