La guerre en Libye : une vitrine pour l’occident

La zone d’exclusion aérienne permet aux pays exportateurs d’armes comme la France, l’Italie, le Royaume-Uni et les États-Unis de valoriser leurs produits.

Pour neutraliser la défense aérienne de Mouammar Kadhafi, les puissances occidentales comme la France et l’Italie ont utilisé les armes proposées sur étagères il y a quelques mois seulement au leader libyen. C’est le cas du Rafale qui défilait au dessus de Tripoli à la fête nationale libyenne le 1er septembre 2009, puis au salon aéronautique de Lavex un mois plus tard, toujours dans la capitale libyenne.

L’opération libyenne a marqué également les débuts au combat de l’Eurofighter Typhoon construit par la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.

Certes, la guerre en Libye a changé la donne. Kadhafi n’est plus client. Mais les armes européennes trouveront toujours preneurs. Car la zone d’exclusion aérienne est devenue une vitrine de choix pour d’autres clients potentiels. Elle souligne la puissance des avions de combat occidentaux et des bombes intelligentes, mais aussi les systèmes de défense nécessaires pour les repousser.

«La no-fly zone est la meilleure scène d’exhibition pour les appareils militaires depuis des années. Davantage encore que l’Irak en 2003», commente Francis Tusa, journaliste spécialisé en Défense au Royaume-Uni. «Vous voyez pour la première fois sur une opération, le Typhoon et le Rafale au combat, deux appareils proposés à l’exportation. La France est particulièrement déterminée à vendre le Rafale. »

Presque tous les conflits modernes de la guerre civile espagnole au Kosovo ont servi de test à la puissance aérienne. Mais l’opération libyenne - qui vise à faire respecter la résolution 1973 des Nations Unies - coïncide avec une nouvelle course aux armements avec l’arrivée d’une nouvelle génération d’équipements aériens et navals. Pour les pays et les entreprises impliqués derrière ces avions et ces armes, il n’y a pas de meilleur outil de vente que le combat réel.

«Dès qu’un aéronef est utilisé en déploiement opérationnel, il devient instantanément un outil marketing majeur, car il est éprouvé au combat», confirme un ancien fonctionnaire de la Défense chargé des exportations.

Les acheteurs potentiels seront avides d’informations détaillées sur la fiabilité des aéronefs, et la capacité des escadrons opérationnels à générer des taux de sorties élevés pour un montant minimal de réparation.

Les retombées industrielles sont potentiellement énormes. L’Inde, le Brésil, le Danemark, la Grèce, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Oman et le Koweït figurent parmi une liste croissante de pays acheteurs pour plusieurs avions éprouvés en Libye.

L’opportunité du moment est évidemment l’appel d’offres MMRCA de l’Inde pour acheter 126 avions de combat.

Quatre des six compagnies en lice pour vendre de nouveaux avions à Delhi ont contribué à faire respecter la zone d’exclusion aérienne en Libye : Dassault avec le Rafale, l’Eurofighter Typhoon, Lockheed Martin avec le F-16, et Boeing avec le F/A-18. Un cinquième concurrent, le Saab Gripen, est arrivé en Sicile début avril, pour prendre part à l’action au sein de l’armée de l’air suédoise (du jamais vu depuis des décennies).

Mais la Libye ne met pas seulement en évidence l’efficacité des armes offensives tels que les avions et les missiles. Le conflit est aussi une publicité gratuite pour les entreprises qui construisent des systèmes d’alerte et de défense antimissile.

« Le conflit libyen rappel que si vous ne pouvez pas rivaliser au niveau des plates-formes d’attaque, alors vous devez valoriser vos systèmes de défense», explique Siemon Wezeman, expert au SIPRI. «La Libye possédait des défenses aériennes raisonnable et pourtant elles n’ont pas suffit. Si vous voulez vous défendre, vous avez besoin soit d’aéronefs, soit de systèmes de défense. Vous verrez bientôt des pays s’adresser à la Russie et à la Chine pour savoir ce qu’ils peuvent offrir». Des sociétés comme Lockheed Martin et Raytheon, elles, sont déjà en négociation dans le Golfe, pour contrer la menace iranienne.

Source : Reuters

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3 thoughts on “La guerre en Libye : une vitrine pour l’occident”

  1. PlaneAce dit :

    Entièrement d’accord sur le fond de cet article. L’exemple le plus flagrant pour moi, c’est le cas de l’Eurofighter qui en avait pris un coup car aucune mission d’attaque au sol ne lui avait affecté. Résultat, le rafale passe pour un avion multi-rôle et pas l’eurofighter est poour cause, d’après ce que j’en ai lu ici: http://www.myzone59.com/aviation/avions-de-chasse/eurofighter-typhoon.html

    L’eurofighter un avion de combat aérien, les commandes risquent fort de effondrer par rapport au Rafale.

    1. info-aviation dit :

      Un Typhoon de la Royal Air Force a tiré, pour la première fois, un armement air-sol, mardi 12 avril en Libye. Selon la RAF, l’appareil a largué une bombe guidée laser Paveway II détruisant deux chars T-72 à proximité de Misrata. L’avion était accompagné par des Tornado GR4 et on ignore qui a illuminé la cible.

      Source : http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/Un-Eurofighter-tire-une-bombe-quatre-ans-apres-le-Rafale_a224.html

  2. raf dit :

    l’eurofighter a fait une mission air-sol, mais ca risque d’accroite son incapacité a faire des missions air sol, la configuration etait equivalent a celle d’un Mirage 2000D, très mediocre chargemen, deux bobme 2x500kg contrairement aux 6 aasm de 125/250/500/1000kg, pouvant etre lancé a 50km pour detuire 6 differente cibles simulatenement. La demo de l’ef2000 fait qu’il est en retard d’une guerre, ils ne pourra faire des mission air-sol qu-en 2017, après de très lourdes modifications.
    ca va augmenter son prix. l ef2000 est un intercpeteur haute altitude, difficile de le transformer en rafale. c’est pas pour rien que la France s’est retirée du programme eurofighter

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