Les opérations en Libye menées par les USA

L’intervention militaire en Libye, « sous-traitée » à la France et pilotée par les États-Unis, va bientôt passer le relais au commandement militaire de l’OTAN.

Qui commande ? Comme souvent durant les guerres, l’information fournie par les militaires et relayée par les médias nationaux est à prendre avec des pincettes, du côté occidental comme du côté libyen. Si la France s’est clairement affichée comme « leader » de l’opération Aube de l’odyssée sous mandat de l’ONU, celle-ci s’effectue sous commandement américain.

Depuis le 19 mars, les médias français relayent heure par heure les combats menés par la coalition en Libye. La France est souvent citée en première ligne avec ses Rafale, son porte-avions Charles De Gaulle et son président mettant tout en oeuvre pour protéger le peuple libyen.

Outre-Atlantique, le conflit est plutôt présenté à la sauce américaine. Lors d’un briefing organisé le 19 mars au Pentagone, le vice-amiral William E. Gortney a précisé que l’opération était placée sous le commandement du général Carter F. Ham, chef du U.S. Africa Command (Africom), basé à Stuttgart en Allemagne. La force navale portant la dénomination Task Force Odyssey Dawn, elle, est commandée par l’amiral américain Samuel J. Locklear III, dont l’état-major est embarqué à bord du navire de commandement USS Mount Whitney. Dans cette histoire, la France assure la sous-traitance des moyens militaires, en attendant qu’un commandement centralisé de l’OTAN prenne le relais.

Pour cette opération, l’US Air Force a déployé toute sa panoplie aérienne : bombardiers furtifs B-2 Spirit, chasseurs Eagles F-15E Strike et Falcons F-16CJ ont été lancé durant les premières heures du 20 mars. Après le lancement initial de missiles Tomahawk, trois avions B-2 Spirit de la base de Whiteman (Missouri), ont bombardé des cibles stratégiques en Libye. Les avions de chasse américains, eux, ont dégagé l’espace aérien et empêché les forces de Kadhafi d’avancer contre les troupes d’opposition libyennes.

Tout cela rappelle fortement l’intervention militaire au Kosovo en 1999 qui s’était déroulée hors ONU et sous la direction de l’OTAN. Dans la soirée du 21 mars, les premiers signes d’un transfert du commandement à l’OTAN se dessinaient. Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a annoncé que les États-Unis allaient bientôt réduire leur participation aux opérations en Libye. Une heure plus tard, l’annonce était confirmée par Barack Obama qui ajoutait que «L’OTAN jouera un rôle» dans la nouvelle phase militaire en Libye, cette deuxième étape interviendra dans un délai «de jours, non de semaines».

La Norvège a souhaité une clarification du commandement militaire. L’Italie et le Royaume-Uni ont aussi réclamé un transfert sous les auspices de l’OTAN. Une demande qui n’est pas anodine. La France et la Turquie sont plus réservées, craignant un retournement de l’opinion arabe face à une coalition militaire occidentale.

par Edouard Maire