
La Chine aurait piraté des ordinateurs sud-coréens pour obtenir des informations sur la vente du drone Global Hawk RQ-4 par Northrop Grumman.
L’affaire a été révélée le 7 mars par Shin Hak-Yong, un député de l’opposition du Parti démocratique, membre de la commission de la Défense du Parlement sud-coréen.
«Nous avons obtenu un rapport d’un fonctionnaire du gouvernement coréen révélant que la Chine a piraté le système informatique du ministère de la Défense et accédé à des informations confidentielles. Le gouvernement coréen n’a pas encore soulevé cette question avec la Chine et réfléchit pour l’instant comment gérer cette affaire. »
Dans cette affaire, le plus étonnant n’est pas le piratage informatique des chinois (très fréquent), mais l’exportation d’un drone sophistiqué par les États-Unis vers un pays « hors-OTAN ».
Séoul avait déjà demandé à Washington de lui vendre le Global Hawk en 2005, et en 2009, en vain, en raison de problèmes budgétaires. Mais après que la Corée du Nord ait coulé la corvette Cheonan en 2010, le gouvernement sud-coréen a affecté 40,4 millions de dollars au budget 2011 pour entamer des négociations sur l’achat de drones.
Le RQ-4 Global Hawk est destiné à remplacer le célèbre avion-espion U-2, mais ses capacités ne sont pas assez complètes ce qui explique pourquoi les États-Unis maintiennent en service le U-2. Les progrès sont toutefois rapides et le drone HALE (High Altitude, Longue Endurance) pourrait même devenir l’équivalent d’un satellite de surveillance. Volant à 60.000 pieds (18 000 mètres) pendant 30 ou 40 heures, le Global Hawk utilise des radars sophistiqués et d’autres capteurs pour surveiller son environnement (terre, mer et air) sur une superficie d’environ 100 000 km². La résolution de l’image est décrite avec une précision inférieur à 1 mètre. Les États-Unis ont utilisé efficacement le Global Hawk depuis son inauguration officielle en 1997, ce qui a suscité l’intérêt d’autres pays. L’Allemagne a notamment développé et intronisé sa version EuroHawk dans le cadre d’un programme de 430 millions d’euros, et le système AGS de l’OTAN va également déployer des drones Global Hawk.
En dehors de l’OTAN, toutefois, les exportations sont plus délicates. Quatre critères sont étudiés avant d’autoriser la vente d’un drone américain - dont 2 sont reconnus publiquement, et 2 ont tendance à se discuter plutôt en coulisses. La Corée du Sud allait à l’encontre des 4 critères quand les États-Unis ont rejeté leur demande d’acheter des drones RQ-4B en 2006. Désormais, il semble que la situation évolue et que la Corée du Sud soit un marché très lucratif pour les ventes américaines. Un contrat avec KAI (Korea Aerospace Industries) est appelé à produire un drone HALE semi-autochtone mêlant technologie américaine et coréenne. Du coup, les États-Unis revalorisent le Global Hawk sur la péninsule, et exhortent la Corée du Sud à acheter du drone made in USA.
Contrainte à l’achat de matériel de défense américain pour s’assurer le soutien militaire de Washington, la Corée du sud a commandé 21 chasseurs F-15K en 2010 qui s’ajoutent aux 40 exemplaires qu’elle possède déjà. De leur côté, les États-Unis ouvrent leurs exportations de drones, y compris aux pays arabes.



