
Le 9 février, Raytheon a annoncé le succès des essais en vol de son nouveau missile AGM-65E2/L Maverick sur des avions A-10C, F-16 et F/A-18, effectués au 4e trimestre 2010. Le missile a été testé sur différentes cibles fixes et mobiles sur une distance de tir maximum de 28 km.
Raytheon va donc redémarrer sa ligne de production de missiles air-sol à guidage laser, et mettra à niveau des stocks existants, en réponse à la demande des forces armées US. La nouvelle version AGM-65E2/L Maverick disposera d’un laser amélioré et d’un nouveau logiciel permettant de réduire les risques de dommages collatéraux (source : Raytheon).
L’AGM-65 connu son heure de gloire pendant l’opération Desert Storm, en Irak, où 5296 missiles furent tirés avec une efficacité de 85% de coups au but pour une précision d’impact de 91cm. Mais ce résultat concernait les versions dotées d’un système à guidage électro-optique (TV) et infrarouge (IR). Les versions à guidage laser n’affichèrent qu’un score de 66%. La production a donc continué pour les variantes électro-optique et infrarouge, mais la version à guidage laser AGM-65E utilisée par le corps des Marines a été stoppée.
L’AGM-65 Maverick a été le premier missile air-sol contre des cibles tactiques en service dans l’US Air Force. Le programme JAGM propose de le remplacer, mais jusque-là, le Maverick reste l’option par défaut pour les frappes de missiles à guidage de précision. Bien que l’infrarouge et l’électro-optique permettent aussi des attaques de précision, le laser offre généralement la meilleure précision parmi les 3 systèmes contre des cibles terrestres. De même, il existe des circonstances dans lesquelles un missile est plus efficace qu’une bombe. L’histoire suivante qui s’est déroulée en Irak l’illustre bien…
« Le tour de l’horloge [photo à droite] dominait un marché très encombré. Un tireur d’élite y était caché, et tirait sur les gens (sur des civils ou des GI). Quelqu’un sur le terrain a demandé un soutien aérien, et un Harrier armé d’un LG Maverick est arrivé sur les lieux. Comme vous pouvez le voir, le Maverick a fait un travail de précision de première classe en pulvérisant le nid du sniper, tout en laissant intacte la structure environnante et en minimisant les dommages collatéraux. »
Le largage d’une bombe à la verticale n’aurait pas été très approprié pour cette opération.
Le guidage par imagerie infrarouge fonctionne très bien contre certains types de cibles. Mais le succès n’est pas évident dans cette situation. Le ciblage d’un sniper requiert un haut niveau de précision car sa source de chaleur peut être difficile à distinguer (une simple couverture suffit parfois aux talibans pour être invisibles au spectre). Surtout quand la capacité des troupes sur le terrain pour identifier la nature exacte de l’immeuble en question, en temps réel, est une priorité.
L’électro-optique peut être suffisamment précis pour frapper une zone spécifique de l’immeuble, mais son niveau de précision reste inférieure à celui d’un missile à guidage laser.
Un missile à guidage laser plus petit comme le Hellfire AGM-114 aurait pu marcher, mais il n’est pas conçu pour être exploité sur des plates-formes rapides comme un avion de chasse. Cela signifie plus de temps d’attente à moins qu’un hélicoptère d’attaque ou un drone soient déjà sur place. Le missile Hellfire est aussi trop petit pour certaines situations, et sa variante AGM-114n avec ogive thermobarique n’est utilisée que si l’effondrement d’un bâtiment est « un résultat acceptable ».
Ces dilemmes ne sont pas rares dans les conflits actuels menés par les États-Unis. La facilité avec laquelle les missiles à guidage laser peuvent fonctionner grâce à des désignateurs (aéronefs, troupes au sol, drones) multiplie fortement leur efficacité. Si les avions de combat américains veulent être davantage impliqués dans ce type de missions d’appui rapproché, ils ont donc besoin d’une option à guidage laser.


