Quel T-50 achète l’Inde ?
16 octobre 2010 · 0 Commentaire
L’élaboration du chasseur de cinquième génération est devenue l’un des principaux thèmes de coopération entre la Russie et l’Inde.
La création conjointe d’un nouvel avion, dont il a été question lors de la récente visite en Inde du ministre de la Défense russe Anatoli Serdukov, suscite beaucoup de questions, en particulier – de quel chasseur de cinquième génération s’agit-il, sachant que le premier exemplaire d’essai de l’avion T-50 créé dans le cadre du projet PAK FA sillonne déjà les airs en Russie ?
De plus en plus, le chasseur de cinquième génération devient un certain symbole des pays possédant leur propre industrie aéronautique indépendante capable de créer des avions de combat. À l’heure actuelle, seuls les États-Unis, possédant des F-22 et faisant les essais du F-35, et la Russie, testant le T-50, possèdent de tels avions furtifs.
L’Inde développe activement son industrie aéronautique et aspire à créer son propre appareil. Toutefois, l’élaboration d’un tel appareil en partant de zéro est objectivement impossible à ce jour pour l’industrie de l’Inde. C’est ici qu’intervient l’importance de la coopération entre Delhi et Moscou qui nécessite à son tour un soutien financier pour terminer l’élaboration de son propre chasseur.
Beaucoup de spécialistes considèrent déjà le T-50 comme une plateforme très prometteuse pour produire une nouvelle classe d’avions de combats, à l’instar de celle qui a servi à l’élaboration de Sukhoï – T-10 qui a donné naissance à la classe des Su-27 et à leurs diverses versions.
Telle est la différence qualitative entre le T-50 et le F-22. Le chasseur américain, devenu le premier avion de combat au monde de série de cinquième génération, s’est avéré trop cher pour devenir populaire, et les problèmes techniques inévitables pour un pionnier auxquels s’ajoutent les restrictions politiques (l’exportation du F-22 est interdite) ont exclu toute possibilité de développement de ce système.
Le second appareil américain de nouvelle génération, F-35, est actuellement en phase d’essais et rencontre d’autres types de problèmes : les États-Unis ont tenté de créé un ‘’ chasseur bon-marché ‘’ de cinquième génération qui posséderait les mêmes caractéristiques que le F-22 plus cher mais dans une version plus réduite – moins de munitions, une portée et une vitesse moindres, des capacités de localisation radar plus réduites, et ainsi de suite.
Combiner toutes ces exigences dans un seul appareil s’est avéré très difficile. Le coût d’un chasseur de 5è génération dépasse 150 millions de dollars l’unité, soit deux fois plus que son estimation initiale et on n’observe aucune tendance à la baisse. Et le F-35 est encore loin d’afficher certaines caractéristiques du F-22, en particulier la vitesse hypersonique sans postcombustion.
La situation est aggravée par les tentatives des constructeurs de créer trois types d’appareil différents sur la base du F-35. Il s’agit du chasseur « conventionnel » pour l’armée de l’air, d’un avion pour la marine américaine et d’un avion de décollage et atterrissage vertical pour le transport et la projection de l’infanterie de marine et de la marine des pays-alliés des États-Unis. Au final, la réalisation du projet prend du retard et le coût augmente.
Dans ce contexte, le programme T-50 élaboré en tenant compte de l’expérience de la création du F-22 et en jetant un œil sur le F-35 paraît plus réaliste. Les constructeurs russes n’ont pas voulu « courir plusieurs lièvres à la fois » et ont suivi une voie déjà balisée de la création d’un appareil lourd polyvalent, doté qui plus est d’une marge de solidité. Les moteurs élaborés pour le T-50, les équipements de bord et l’armement devraient assurer le succès du programme même en cas de retard de l’un de ces éléments : une version en double existe pour chacun d’eux.
Il n’est donc pas étonnant que l’appareil russe ait été choisi en tant que prototype pour le programme de l’Inde dit FGFA (Fifth Generation Fighter Aircraft) – le chasseur de cinquième génération. À l’heure actuelle, tandis que le T-50 vole déjà et fait des essais irréprochables, l’Inde et la Russie pourraient signer un accord pour l’élaboration d’un avion sur sa base, en étant convaincus du succès de ce programme prometteur.
Par Ilya Kramnik (analyste militaire chez RIA Novosti)
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par info-aviation

