La Russie commande des drones à Israël
14 octobre 2010 · 0 Commentaire
Israel Aerospace Industries (IAI) a signé avec le groupe d’armement russe Oboronprom un contrat sur la livraison de composants destinés à la fabrication de drones.
Selon le quotidien financier Israelien Globes, le contrat prévoyant l’assemblage des drones en Russie s’élève à 400 millions de dollars. Les livraisons commenceront en 2011.
La signature du contrat a eu lieu en présence du ministre russe de l’Industrie et du Commerce Viktor Khristenko, en visite en Israël.
La Russie a de grands besoins pour la surveillance de ses théâtres d’opération. La récente guerre en Géorgie a démontré aux russes la valeur des drones (que détenaient l’armée géorgienne). Or, la plupart de ces drones étaient de fabrication israélienne.
Les drones ont un champ de vision beaucoup plus faible de vue que celui des avions pilotés et leur taux d’accidents est beaucoup plus élevé. En revanche, ils offrent une très longue endurance, un potentiel de surveillance centralisée, et des coûts par heure nettement inférieur. Cette combinaison est donc idéale pour la surveillance des infrastructures critiques. Comme par exemple, les gazoducs qui sont le goulot d’étranglement de l’économie russe pour les exportations d’énergie.
Les problèmes se rapportant aux drones russes sont de deux ordres :
Le premier problème est d’ordre technologique. Les drones russes ont un sérieux retard en raison des compressions budgétaires dévastatrices des années 1990 lorsque l’économie russe et les dépenses de sa Défense se sont effondrés. Les drones de petite et de moyenne taille ne sont pas un projet aéronautique techniquement difficile. Mais la Russie est confrontée à des problèmes de ressources de production dans un système centralisé qui n’est pas encore modernisé, ainsi qu’aux besoins de ses ingénieurs en solutions embarquées.
Voici ce que décrit un rapport russe sur l’utilisation des drones lors du conflit Géorgien (Mr Popovkin).
« Un exemple de la technologie des drones russes est le système Tipchak développé par le Bureau Lutch Design. Ce drone a été opérationnel pendant les récents combats avec la Géorgie, mais il a montré de nombreux problèmes, parmi lesquels une signature acoustique parfaitement audible à longue distance, qui, couplé avec un plafond bas, a engendré une grande vulnérabilité aux tirs au sol. Les développeurs travaillent actuellement sur une nouvelle génération Tipchak, qui devrait être livré dans les trois ans. Le nouveau modèle pèse 60 kilos, a une charge utile de 32 kg et peut rester en l’air durant deux heures par sortie avec une autonomie de 40 km. Le Tipchak peut également voler jusqu’à 10.000 pieds, de jour comme de nuit. »
Le deuxième problème est plus compliqué. Les drones ont besoin d’une miniaturisation et de composants légers pour supporter leurs charges utiles. Cela a toujours été un problème pour les équipements russes, qui tendent à être surdimensionnés. La Russie a également des problèmes de production électronique fiable.
Israël et la Russie ont discuté un accord pour les drones estimé entre 50 et 53 millions de dollars en avril 2009.
Les systèmes de drones en question aurait notamment 3 produits IAI. Le plus important est le drone tactique Searcher-II. Les Searchers ont une autonomie de 12 à 15 heures. Ils ont reçu d’excellentes critiques de la Russie mais aussi de l’Inde et même de l’Espagne qui les a récemment utilisés en Afghanistan. La commande comprend également des modèles plus petits comme le MK150 à courte portée qui utilise un parachute pour se poser, et le mini-drone Bird Eye 400 qui est lancé à la main. Les auraient commencé depuis 2009.
Selon l’agence de presse russe RIA Novosti, la Russie souhaite développer une flotte d’au moins 100 drones avec une autonomie de vol de 386 kilomètres, et une endurance d’au moins 12 heures. C’est au-delà des capacités des drones israéliens, bien que le Searcher-II s’en rapproche.
En mai 2009, le Jerusalem Post a rapporté que le contrat était susceptible d’inclure la vente du Heron de l’IAI. Ce drone est disponible en 3 variantes, qui sont toutes à moyenne altitude, avec une longue endurance (drone MALE) et des plates-formes indentiques à celles du MQ-1 Predator des Etats-Unis. Ils dépassent les spécifications souhaitées par la Russie, mais ils représentent aussi un transfert de technologie de pointe.
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par Daniel Favre

