Airbus Military peut désormais livrer aux armées de l’air son avion ravitailleur de nouvelle génération A330-MRTT dont vingt-huit exemplaires ont déjà été commandés.
L’appareil est en lice avec Boeing sur l’appel d’offres des ravitailleurs de l’armée de l’air américaine.
En obtenant sa certification militaire pour l’A330-MRTT, le constructeur aéronautique européen Airbus a décroché pour son avion de ravitaillement militaire le Sésame qui ouvre la voie des livraisons effectives aux clients. Ce qui lui donne une longueur d’avance sur la concurrence. «Airbus Military a obtenu la certification pour son A330 multi-rôles transport/ravitaillement (en vol) de l’autorité espagnole militaire: Instituto de Tecnologia Aerospacial (INTA)», indique son communiqué publié le 6 octobre.
Et de préciser : «Nous avions reçu la certification civile européenne au printemps de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA), il fallait une certification militaire. Or pour l’instant, il n’y a pas d’organisme équivalent pour le militaire donc c’est la certification nationale qui prévaut dans ce cas-là».
L’appareil, qui vient de passer le dernier obstacle sur le parcours des certifications, va ainsi, non seulement pouvoir être livré mais aussi et surtout, pousser son avantage sur la concurrence. Et ceci pour deux raisons. Tout d’abord :«L’A330-MRTT est désormais l’unique ravitailleur de nouvelle génération proposé aux armées de l’air», se félicite Airbus Military. Ensuite : «L’avion a obtenu l’aval pour être utilisé dans tous les domaines de vol, pour tous les niveaux de système de refueling (ravitaillement). Et c’est très important dans le cadre de la campagne militaire, car cela veut dire que notre avion est complètement apte à voler alors que les Américains doivent encore développer le leur», commente-t-on chez Airbus.
Les deux premiers exemplaires de l’A330-MRTT ( une version modifiée du long-courrier A330) seront livrés aux Australiens d’ici la fin de 2010. Viendra ensuite, l’an prochain, le tour de l’Angleterre. Au total, 28 appareils ont été commandés par l’Australie, les Emirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite et le Royaume-Uni. Mais le principal enjeu industriel se situe outre-Atlantique, où Boeing et EADS se livrent depuis une dizaine d’années une concurrence acharnée pour décrocher le méga-contrat de l’armée de l’air américaine; un contrat évalué à environ 35 milliards de dollars pour le renouvellement de sa flotte d’avions-ravitailleurs.
Retour sur les derniers rebondissements. Boeing avait été désigné lauréat en 2003… mais la révélation d’un grave conflit d’intérêts avait contraint le Pentagone à relancer la procédure. Airbus l’avait ensuite emporté en 2008, avant que la Cour des comptes annule le tout et que la consultation reparte à zéro. Après l’ultime round, qui a eu lieu en juillet dernier, les militaires ont jusqu’à la mi-octobre pour étudier les offres des deux constructeurs. Leur décision - qui reste susceptible d’un nouvel appel à la Cour des Comptes - est attendue à la mi-novembre.
Le constructeur américain propose une version modifiée de son long-courrier B767, plus petit que l’A330-MRTT. Boeing, associé à 800 fournisseurs répartis dans une quarantaine d’Etats, vante un avion tout américain, avec à la clé 50 000 emplois créés aux Etats-Unis. Airbus, allié à plus de 200 fournisseurs américains après le retrait de Northrop Grumman, assure que son projet créera 48.000 emplois. L’avionneur européen met en avant le fait que l’usine d’assemblage, prévue à Mobile (Alabama), apportera un ballon d’oxygène à une région touchée par la marée noire qui a frappé le golfe du Mexique.
Source : Les Echos

