L'avenir incertain du Ka-50
15 décembre 2009 · 0 Commentaire
En juillet 2006, la Russie s’était engagée à acheter 67 hélicoptères d’attaque Mi-28. Toutefois, le bureau d’études du Mi-28 (surnommé Havoc par l’OTAN) l’a éclipsé pour miser sur le Ka-50 de Kamov (code OTAN : Hokum) comme futur hélicoptère d’attaque russe. Une décision lourde de conséquences.
Le Mi-28N semble être le meilleur hélicoptère d’attaque pour les missions d’appui aérien rapproché. Cependant, les Black Shark et Alligator sont parfaitement adaptés aux missions spéciales et de reconnaissance. De plus, le Mi-28N est le seul hélicoptère qui peut voler de 5 mètres au-dessus du sol (son fuselage peut encaisser des tirs directs de canons anti-aérien de type M-61 Vulcan américain et son cockpit est protégé contre les munitions de 12,7mm) à 3 500 mètres. Le Mi-28N dispose d’équipements interchangeables russes peu onéreux comme son système d’acquisition et de visée optique, TV et laser. Cet équipement est couplé avec les ordinateurs de bord et l’avionique.
Seuls les généraux de haut rang pouvaient choisir l’hélicoptère dont la Russie avait besoin, mais ils devaient être guidés par les intérêts de l’Etat en matière de défense à long terme et non par des considérations du moment. Il y avait donc assez de place pour le Ka-50 et le Mi-28N dans le ciel russe.
Cependant, le coût des deux projets réunis était trop important pour la Russie. Hormis les moteurs et quelques équipements électroniques et armements, ces hélicoptères manquent de pièces interchangeables. C’est un héritage de l’Union soviétique quand chaque société concurrente travaillait sur ses propres systèmes d’arme top secrets.
Le Mi-28N a de plus grandes chances de succès que le Ka-50. Il a été décidé d’achever l’assemblage de trois Ka-50 à l’usine Arsenyev de Progress où la production avait été lancée dans les années 1990. Yury Denisenko, le directeur général de Progress, a expliqué aux journalistes que sa société avait financé 30% du coût final. Ce qui permettra de former une unité d’hélicoptères de combat pour les missions anti-terroristes dans les montagnes. Le Vice premier ministre et Ministre de la défense Sergeï Ivanov a également déclaré que le Ka-50 avait été inclus dans le programme d’armement étatique et que le Ministère de la défense achètera 12 Ka-50 d’ici 2015.
Les 12 Ka-50 ne représentent pas grand chose mais cela permettra au bureau d’étude Kamov et à l’usine Arsenyev de Progress de conserver des technologies et processus de production qui sont uniques. L’Allemagne et le Japon, qui ont été interdits de développer des armes modernes après la seconde guerre mondiale, commencent à peine à fabriquer des chasseurs multirôle bien que les voitures produites dans ces deux pays soient parmi les meilleures du monde. Les pays producteurs d’hélicoptères se comptent sur les doigts de la main. La Russie en fait partie. Sa croissance économique est de retour grâce à l’exploitation de ressources naturelles comme le gaz qui dope les budgets de la défense, et créent de nouvelles options.
par Daniel Favre

