La saga de l’appel d’offres du Brésil arrive à son terme avec l’achat officiel de 36 Gripen E/F pour un montant de 39,3 milliards de couronnes suédoises (5,4 milliards de dollars), a annoncé Saab dans un communiqué du 27 octobre.
Le contrat a été signé par le Ministère de la Défense (MoD) représenté par le Commandement aéronautique (COMAER), suite à la décision de la Força Aérea Brasileira (FAB) de sélectionner l’avion de chasse suédois Gripen dans le cadre de l’appel d’offres FX2 en décembre 2013.
Les premières livraisons commenceront à partir de 2019 et s’achèveront en 2024, comprenant 28 Gripen E monoplace et 8 Gripen F biplace.
Le contrat prévoit également un partenariat industriel entre Saab et le COMAER pour 10 ans avec un transfert de technologie vers l’industrie brésilienne. Le Brésil étant le seul client à acquérir le Gripen F, il sera fortement impliqué dans son développement et le seul responsable de sa production.
L’acquisition des Gripen et les contrats de coopération industrielle associés entreront en vigueur une fois que les autorisations liées au contrôle à l’exportation seront mises en place, a priori au cours du premier semestre 2015.
D’après Saab, l’engagement du Brésil pour le Gripen E/F assurera la production de cet avion de combat jusqu’en 2050.
Conséquences pour Saab et le Brésil
L’Armée de l’Air suédoise a elle-même signé l’achat de 60 Gripen E (peut-être bientot 70) ce qui garantit l’avenir du programme avec ou sans le Brésil.
Toutefois, les Suisses ont rejeté l’avion lors d’un référendum national en mai 2014, et un rejet brésilien aurait été très embarrassant pour Saab, étant donné que le contrat de production d’origine pour la Suède sollicitait un «partenaire stratégique» pour mutualiser les coûts et les risques financiers du programme. La signature du Brésil soulage ainsi la pression sur Saab dans ses efforts pour décrocher des commandes à l’exportation.
Outre l’arrivée du premier partenaire international dans le programme Gripen Next Generation (NG), le contrat brésilien permet aussi le développement d’une version biplace Gripen F, et la perspective d’une version navale Gripen M (Marine).
Les Suédois s’étaient déjà prononcé contre le développement d’une version d’entraînement biplace de l’avion, faisant valoir que ce rôle pouvait être assuré par le JAS 39 Gripen D déjà opérationnel.
Bien que les avions biplace soient plus coûteux à fabriquer et à utiliser, ils sont de plus en plus populaires car ils permettent à l’équipage de partager la charge de travail dans le cockpit qui est de plus en plus complexe avec l’électronique de bord. L’US Navy l’a récemment démontré en rééquipant sa flotte de F/A-18F Super Hornet au lieu de la version monoplace F/A-18E.
Une version navale « Sea Gripen »
L’appel d’offres FX2 du Brésil était surtout une exigence de la FAB, mais la possibilité d’une version spécifique pour la marine brésilienne était toujours dans l’esprit des candidats. Le Rafale de Dassault et le Super Hornet de Boeing étaient déjà navalisés, ce qui n’était pas le cas du Gripen. Saab a alors développé son concept de « Sea Gripen » pour opérer depuis le porte-avions São Paulo (ex-porte-avions Foch de la marine française), moyennant une conversion du pont d’envol en saut à ski puisque le Gripen M sera catapulté.
Lors de la sélection du Gripen par le Brésil, un porte-parole de Saab avait déclaré qu’un contrat permettrait « d’ouvrir de nouvelles possibilités » pour le Sea Gripen, la marine ayant besoin de 24 aéronefs pour opérer à partir du São Paulo. La marine indienne pourrait également s’intéresser au Sea Gripen pour son « décollage court » sur ses futurs porte-avions avions INS Viraat et INS Vikramaditya.
Au final, le contrat avec le Brésil ouvre des débouchés qui vont bien au-delà de la vente de 36 appareils Gripen E/F affectés à la FAB.
Mise à jour du 18/11/2014
La Force aérienne brésilienne prévoit l’acquisition « d’au moins » 108 Saab JAS-39 Gripen E MS21, a révélé un officier de la FAB (Força Aérea Brasileira) lors de la conférence Fighter de l’IQPC le 18 novembre 2014 à Londres. La livraison se fera en 3 lots de 2019 à 2032 sachant que le contrat de 5.4 milliards de dollars annoncé en octobre pour 36 avions ne représente que la premier lot (qui sera livré d’ici 2024). Le nombre de 108 avions ne prend pas en compte l’éventuel achat de «Sea Gripen» pour la Marine.





