Lors du Conseil de défense restreint du 3 septembre, le président François Hollande a estimé que les conditions pour autoriser la livraison du BPC Mistral à la Russie n’étaient pas réunies (source : Élysée).
Petit rappel des faits. En décembre 2010, la France avait remporté l’appel d’offres de la Russie pour la construction de deux porte-hélicoptères de classe Mistral. L’accord avait été signé par le président russe Dmitri Medvedev avec son homologue français Nicolas Sarkozy prévoyant la construction par les industriels français DCNS et les chantiers navals russes OSK.
Le coût du premier navire était d’environ 720 millions d’euros et celui du second à 650 millions d’euros soit une facture totale de 1,37 milliards d’euros. La marine russe les armera avec des hélicoptères Kamov Ka-29 et Kamov Ka-52. Les deux premiers navires porteront les noms de Vladivostok et Sebastopol.
Mais depuis l’implication russe dans la crise ukrainienne de 2013-2014, des alliés de la France lui demandent de suspendre la livraison. C’est le cas de l’Allemagne, du Royaume-Uni et des États-Unis. La pression diplomatique incite alors le président Hollande à susprendre la livraison:
« Les mesures prises récemment par la Russie en Ukraine orientale sont contraires aux notions de base de la sécurité en Europe. Le Président Hollande a noté que, malgré la possibilité d’un cessez-le-feu qui doit encore être confirmé et mis en œuvre, les conditions qui permettront à la France d’autoriser la livraison du premier navire de débarquement amphibie (BPC) ne sont pas réunies jusqu’à présent », déclare le communiqué officiel de l’Élysée du 3 septembre suite au Conseil de défense restreint.
Les conséquences
La suspension de la livraison des BPC pour des motifs politiques engendre plusieurs conséquences:
- le paiement de pénalités de retard par la France (le 1er navire devait être livré en octobre 2014),
- la remise en cause de la crédibilité de la France dans ses exportations. L’Inde pourrait notamment devenir frileuse à valider l’acquisition de 126 Rafale (11 milliards de dollars).
Pour la Russie, le renoncement aux portes-hélicoptères incitera son industrie à développer elle-même ses navires. La Russie possède déjà un porte-avions, l’Amiral Kouznetsov, et planifie la construction d’un second porte-avions après 2015. L’objectif étant de disposer à moyen terme d’un groupe aéronaval dans chacune des flottes du Pacifique et du Nord. À plus long terme (20 ou 30 ans), la cible est de 3 porte-avions par groupe aéronaval, soit 6 au total.
En cas de rupture complète de la vente, d’autres pénalités sont prévues et la France devrait chercher à revendre ses BPC à d’autres pays sachant que les navires ont été spécifiquement configurés pour la marine russe.
Pour l’heure, il ne s’agit que d’une suspension et la vente n’est pas annulée.
Les militaires français s’étaient pourtant félicité de l’excellente relation avec les militaires russes lors des premiers exercices d’appontage des hélicoptères Ka-52 et Ka-29 sur un BPC Mistral français à Saint-Pétersbourg en novembre 2009.





