Vol MH17 : l’hypothèse du missile sol-air
19 juillet 2014 · 0 Commentaire
Un Boeing 777 exploité par Malaysia Airlines (vol MH17) s’est écrasé le 17 juillet avec près de 300 passagers à bord alors qu’il survolait la région de Donetsk en Ukraine orientale. Le gouvernement ukrainien et les Américains pensent que l’avion a été abattu par un missile sol-air (SAM).
Certains responsables ukrainiens ont suggéré qu’il s’agissait du système d’auto-propulsé Buk SA-11 Gadfly (photo ci-dessus) ou bien d’une variante.
La Russie et l’Ukraine disposent en effet de systèmes Buk dans leurs inventaires militaires, et il est possible que les séparatistes pro-russes aient pu s’emparer dans la région de Donetsk. Le vice-président américain Joe Biden soutient également la thèse d’un missile sol-air mais sans fournir aucune preuve.
Un avion de ligne vole à une altitude de croisière d’environ 30 000 pieds (9000 mètres) ce qui est bien au-dessus de la couverture des systèmes de missiles sol-air portatifs tirés à l’épaule (MANPADS), qui peuvent engager des cibles jusqu’à 10 000 pieds (3000 mètres).
L’Ukraine dispose de missiles à long rayon d’action de l’ère soviétique comme les SA-2, SA-3, SA-5, et SA-12 qui n’auraient aucune difficulté à détruire une cible volant à 30 000 pieds. Toutefois, ces systèmes sont déployés sur des sites de lancement permanents qui ont les lanceurs et des radars associés situés à des emplacements spécifiques répartis sur le site. Leurs opérateurs ont toujours une vision claire du trafic aérien en temps réel dans la zone environnante, de sorte qu’il est peu probable de confondre un avion de ligne avec un avion de combat.
Détruire un avion de ligne à 30 000 pieds requiert donc un système mobile SAM comme un Kub (connu en Occident sous l’appellation SA-6 Gainful) ou le Buk. Les deux sont en service dans l’armée ukrainienne.
Le Kub peut engager des cibles volantes jusqu’à 26.000 pieds (8000 mètres), mais il ne peut pas atteindre la hauteur de croisière déclarée de l’avion de ligne. La couverture du Buk, cependant, s’étend jusqu’à 72 000 pieds, avec le modèle d’une portée de 32 km. Le Buk semble donc bon candidat pour causer un tel crash.
Lorsqu’il est mis en service, une batterie de tir Buk se compose de :
- Un Radar 9S18M1 utilisé pour acquérir des cibles aériennes potentielles et pour transmettre leur position;
- Un véhicule de poste de commandement 9S470M1 qui assure l’affichage des données et le contrôle du système de batterie de missiles. Un ordinateur de contrôle de tir numérique assigne des objectifs à chaque lanceur individuel, et calcule l’engagement;
- Un ou plusieurs lanceurs 9A310M1S chacun armé de quatre missiles guidés par radar.
Ces trois composants sont montés sur un véhicule.
Dans une mission normale, tous les trois fonctionnent comme un système d’arme intégré et l’équipage du véhicule de CP a généralement une bonne vision de l’activité aérienne en cours.
Cependant, un lanceur Buk peut également fonctionner en mode autonome. Son radar intégré est normalement utilisé pour suivre la cible en acquisition, mais il peut être utilisé dans un mode de détection de cible, ce qui lui permet d’engager de manière autonome des objectifs qui sont présents dans la couverture radar.
Même si le Buk possède son propre système d’identification ami ou ennemi, il agit seulement comme une sentinelle électronique en criant: « Qui va là ? ». S’il n’y a pas de réponse, vous savez que ce n’est pas un de vos propres avions de combat, mais cela ne vous avertit pas qu’il s’agit d’un avion de ligne.
De plus, l’équipage d’un système Buk est spécialement formé pour utiliser le matériel et identifier les cibles. Abattre un avion de ligne n’est donc pas le fruit du hasard.
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par Edouard Maire




