Posté dans  Bombes & Missiles

L’armée syrienne a t-elle utilisé des armes chimiques artisanales ?

1 septembre 2013   ·   2 Commentaires

Roquette chimique en Syrie

Les spéculations continuent sur l’utilisation des armes chimiques en Syrie et les questions s’accumulent sur les armes employées par l’armée régulière syrienne.

L’armée syrienne aurait utilisé des fusées inhabituelles et grossièrement fabriquées en tant qu’armes chimiques dans l’attaque menée dans la région de Damas le 21 août 2013. Le conditionnel est toujours de mise puisque l’enquête de l’ONU n’a pas aboutie, même si la France et les États-Unis ont déjà déclaré coupable le régime de Bachar el-Assad. Les preuves arriveront (peut-être) après les frappes militaires.

Des débris des fusées ont été vus à plusieurs reprises dans les vidéos et photographies publiées sur Internet depuis le début de l’année 2013, mais il y a eu une forte augmentation de ces images depuis l’attaque du 21 août.

Une vidéo ds rebelles montre des prétendus militaires syriens installer une fusée transportant un agent chimique sur la base aérienne de Mezze à Damas le 21 août 2013.

Une vidéo des rebelles montre des prétendus militaires syriens installer une fusée transportant un agent chimique sur la base aérienne de Mezze à Damas le 21 août 2013.

Les armes employées sont largement similaires à ce que l’armée américaine appelle « fusées de mortiers improvisés » ou IRAM (improvised rocket-assisted mortars). Ces munitions sont constituées d’un moteur de fusée relativement mince et équipées d’une ogive de plus grande envergure. Les insurgés soutenus par l’Iran qui opéraient en Irak avaient d’ailleurs fabriqué leurs IRAM en fixant des moteurs de fusées de 107mm sur des cylindres remplis d’explosif pour augmenter leurs charges au détriment de la portée et de la précision.

La version syrienne utilise davantage de moteurs-fusées, éventuellement prélevés sur des obus d’artillerie de 122mm, et possède une dérive de stabilisation avec de larges ailettes encerclée par un anneau. Le diamètre de l’ogive pourrait être de 333 mm, ce qui lui permettrait d’être utilisée sur des lance-roquettes plus classiques, tels que les Fajr-5 et les Falagh-2 de l’Iran.

Les allégations selon lesquelles les roquettes ont été utilisées en tant qu’armes chimiques sont soutenues par des vidéos montrant des débris entourés d’animaux morts ou mourants. Dans de nombreux cas, les têtes semblent avoir éclaté, plutôt que fragmentées suite à une détonation d’explosifs.

Il est possible que ces ogives aient été remplies d’un mélange air-carburant explosif ou peut-être d’un explosif de déflagration, au lieu d’exploser à l’impact. Une vidéo publiée plus tôt en 2013 a montré ce type de munition remplie d’un solide jaune clair qui pourrait être basé sur de la TNT.

La rusticité des roquettes renforce ostensiblement l’argument avancé par la Syrie et ses alliés que les insurgés sont responsables de toutes les attaques chimiques. Toutefois, les numéros de série inscrits sur les fusées suggèrent qu’elles sont produites en masse à une échelle qui n’a pas été vu dans les zones sous contrôle de l’opposition.

Une vidéo montrant des rebelles tirant une roquette avec un agent chimique.

Une vidéo publiée par l’autorité syrienne montre des rebelles transformant une bouteille de gaz en obus chimique.

Une autre vidéo diffusée par le groupe d’opposition syrienne Darya Revolution a montré de prétendus militaires syriens tirant des munitions lors de l’attaque du 21 août 2013 à l’aide d’un tube de lancement monté à l’arrière d’un camion civil. Une partie du personnel porte des bérets rouges (qui sont associés aux unités d’élite de l’armée syrienne). Bien que le lanceur apparaît improvisé, l’armée syrienne a déjà été aperçu opérant des canons d’artillerie remorqués et des systèmes lance-roquettes montés sur des camions Mercedes civils.

Toutefois, d’autres « preuves » fournies par Darya Revolution sont plus discutables telle que la vidéo qui a été filmée le jour montrant la prétendue attaque chimique qui est pourtant arrivée la nuit. De plus, le personnel du système d’arme ne porte aucune combinaison protectrice ni de masque à gaz alors que c’est une précaution de base lors de la manipulation de munitions chimiques.

De leur côté, les autorités syriennes ont publié une vidéo montrant de prétendus rebelles armant un obusier avec une bouteille de gaz transformée en munition chimique. La vidéo porte le commentaire ironique: « Merci au soutien et à la fourniture de matières premières par les Etats-Unis, l’UE, le Qatar, la Turquie et l’Arabie saoudite ».

Comment sont récupérées toutes ces vidéos ? Les personnages sont-ils authentiques ? La guerre en Syrie est aussi une guerre de l’information.

En relation :

Partager cet article:

    par

    Commentaires postés ( 2)

    1. Olivier-M dit :

      « les preuves arriveront (peut-être) après les frappes militaires » écrivez vous…
      Cette phrase est assez inexacte. Si elles existent, Elles seront portées à la connaissance du public (vous y compris) serait plus pertinent. Et encore, pourquoi penser à priori qu’elles arriveront après ?

      • Daniel Favre dit :

        Bonjour,
        Ce qui serait plus pertinent c’est de montrer les preuves au public avant d’annoncer des frappes militaires. En 2003, les Américains ont d’abord montré des dessins de camions à l’ONU, puis ont envahi l’Irak pour finalement reconnaitre qu’il n’y avait aucune arme nucléaire. Pour la Syrie le cas est encore plus délicat car l’Occident devra agir hors du droit international (veto chinois et russe).





    Sondage

    L'intervention française au Mali est-elle motivée par des intérêts économiques ?

    Résultats des votes

    Loading ... Loading ...

    Newsletter

    Recevez nos dernières nouvelles directement dans votre boîte de réception. Vous recevrez un email d'activation!

    WEB TV

    Suivez-nous