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La guerre au Mali est-elle économique ?

22 janvier 2013   ·   8 Commentaires

Opération Serval

Officiellement, l’objectif affiché par la France est d’aider le Mali à retrouver l’intégrité et la souveraineté de son territoire en déployant des forces aériennes et terrestres (résolution 2085 de l’ONU). Certains médias soupçonnent néanmoins que cette guerre soit avant tout motivée par des intérêts économiques et une politique néo-colonialiste.

Le 16 janvier lors de ses vœux à la presse, le président François Hollande avait déclaré : « La France n’a aucun intérêt au Mali. Elle ne défend aucun calcul économique ou politique ». En effet, la France n’a pas de réels intérêts économiques au Mali, mais les pays frontaliers, comme le Niger et son uranium exploité par Areva, sont stratégiques. Une déstabilisation du Mali impacterait donc toute la région.

Un engagement massif

Armement

Armement d’un Mirage 2000D dans la nuit du 13 janvier à N’Djaména.

Depuis le 11 janvier, avions, drones, hélicoptères et satellites sont engagés dans le conflit. L’armée de l’air française a déployé douze avions de combat au Mali : six Mirage 2000D, trois Rafale B (biplace) et 1 Rafale C envoyés à N’Djaména (Tchad) et deux Mirage F1CR à Bamako (Mali). Pas moins de cinq avions ravitailleurs C-135F sont également engagés ce qui représente un effectif considérable, au regard de capacités françaises (14). S’ajoute cinq avions de transport tactique C-160 Transall et C-130 Hercules, mais certains appartiennent au COS et peuvent remplir des missions de renseignements. Plusieurs Atlantique 2 de la Marine, basés à Dakar, sont aussi engagés dans des missions de recueil de renseignements optiques et d’écoutes.

Deux drones Harfang de l’armée de l’air (dont elle possède 4 exemplaires) seront basés à Niamey, la capitale du Niger. Ils sont mis en œuvre par l’escadron 1/33 Belfort.

Côté hélicoptère, il s’agit des appareils du 4ème régiment d’hélicoptères des forces spéciales (RHFS) de l’armée de terre. Au total, environ 10 appareils sont mobilisés, dont la moitié d’hélicoptère de combat Gazelle et l’autre de Puma. Ils ont été rejoins par des Tigre affrétés de Pau par des An-124 de la société ICS. Une Gazelle a déjà été détruite le 11 janvier par des tirs ennemis (l’équipage est sauf) et une autre endommagée.

Enfin, les deux satellites Helios 2 et les deux satellites Pléiades ont été sollicités depuis le début du conflit.

Combien ça coûte ?

Alors que la France est en pleine crise économique, ce déploiement représente des dépenses estimées à 400 000 euros/jour selon BFM. Pour calculer son estimation, BFM a réparti les dépenses de la façon suivante : 27 000 euros par heure de vol d’un Rafale, 11 700 euros par heure de vol d’un Mirage 2000, 2600 euros par heure de vol d’un hélicoptère type gazelle, 25 000 euros par heure de vol d’un hélicoptère Tigre, 250 000 euros par missile de l’armée française, 4000 euros par missile AASM ( missile du Rafale), 570 000 euros pour les surcoûts d’entretien du matériel. Enfin, l’opération au Mali implique des forces terrestres à raison de 270 000 euros pour les indemnités journalières des militaires.

La quotation de BFM est largement sous-estimée. Le prix d’un missile AASM est d’environ 115 000 euros et l’on arrive vite à coût journalier d’1 million d’euros par jour. Cela reste néanmoins raisonnable puisque le budget alloué aux opérations militaires extérieures s’élève à 630 millions en 2013.

2 800 militaires français, dont près de 2000 présents sur le sol malien.

Au 20 janvier, 2 800 militaires français étaient engagés, dont près de 2000 présents sur le sol malien.

À titre de comparaison, la guerre en Libye coûtait 1,7 million par jour et l’Afghanistan coûtait à la France 1,4 million par jour. Cette différence de coût s’explique par la présence de l’aviation et des missiles. La Libye fut une aventure surtout aérienne avec un coût énorme pour les Rafales et les munitions.

Qui plus est, la guerre au Mali est annoncée comme longue car ses objectifs sont ambitieux. « On ne va pas laisser des poches » de résistance, a affirmé le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui promet « d’éradiquer le terrorisme et de restaurer l’unité du Mali ».

« Le surcoût du maintien de 2.500 hommes au Mali représente 8 millions par mois », estime-t-on au ministère de l’Économie. Les 2.500 hommes qui seront à terme engagés au Mali représenteront 50 % des forces déployées en Afghanistan, un engagement qui a coûté à la France 492,9 millions en 2012 et 518,3 millions 2011, selon un rapport du Sénat.

Dès lors, qui va payer ? La France évidemment, mais l’État malien sera-t-il mis à contribution ? Des « retours sur investissement » sont-ils prévus pour la France après la guerre ?

Dans cette intervention, la France est également soutenue par plusieurs pays occidentaux. Le Royaume-Uni fournit une assistance logistique de l’air, tandis que les États-Unis fournissent une surveillance et une aide autre intelligence. Washington a également annoncé qu’il allait fournir des avions de transport de troupes françaises et envisager l’envoi d’avions ravitailleurs pour avions de combat français. Le Canada s’est également joint aux alliés pour soutenir l’intervention militaire en cours en envoyant un transport lourd militaire. Le pays est également une contribution indirecte par la formation de contre-terrorisme coopératives au Niger voisin. Enfin, l’Italie est prête à fournir un soutien logistique pour les opérations aériennes, mais il ne rejoindra pas les troupes françaises sur le terrain. La défense du pays Ministre Giampaolo Di Paola a déclaré au Sénat que l’offre de l’Italie a été limitée à des opérations aériennes seulement.

Une guerre contre le terrorisme ?

Un Rafale au-dessus du Mali.

Quatre Rafale ont été déployés pour les opérations au Mali.

Plusieurs journalistes s’interrogent sur les motivations des Occidentaux au Mali. C’est le cas de Neil Clark, journaliste britannique qui collabore régulièrement pour The Guardian, qui est convaincu que des raisons économiques sont derrière chaque intervention militaire occidentale depuis les 30 dernières années - et que le Mali n’y déroge pas. Il a expliqué son point de vue dans une interview accordée à la chaîne Russia Today.

« David Cameron a passé la majeure partie de l’année dernière à acclamer les rebelles islamistes en Syrie, et maintenant il affirme que les rebelles islamistes au Mali sont le plus grand danger pour le monde, et que la Grande-Bretagne doit aider la France. Il y a donc une contradiction totale, et une véritable hypocrisie. Pourquoi la lutte contre Al-Qaïda en Afrique serait une plus grande tâche? Pourquoi avons-nous joué un rôle actif dans la chute de dirigeants en Afrique ? Quel est l’intérêt pour la Grande-Bretagne? Je pense que la menace d’Al-Qaïda est utilisée comme un écran de fumée pour la recolonisation de l’Afrique du Nord par les forces de l’OTAN, la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis. »

« L’un des plus grands mythes dans les relations internationales est que les puissances occidentales sont implacablement opposé Al-Qaïda depuis les 30 dernières années. Elles ne le sont pas. Elles ont utilisé la menace d’Al-Qaïda, dans certaines circonstances pour envahir des pays comme l’Afghanistan. Mais ailleurs, elles soutiennent Al-Qaïda pour renverser les régimes laïques, comme en Syrie et en Libye. Cette histoire remonte aux années 80 où Al-Qaïda et des groupes islamistes radicaux ont été utilisés par l’Occident pour aider à renverser l’Armée rouge. »

« Le Mali est un grand producteur d’uranium, or la France a besoin d’uranium. L’Occident veut prendre le contrôle des ressources dans cette région. Et je pense que l’OTAN va délocaliser ses opérations en Afrique du Nord. Al-Qaïda n’est qu’un alibi pour justifier une guerre humanitaire ».

Le journaliste Neil Clark interviewé par la chaîne RT.

Le journaliste Neil Clark interviewé par la chaîne RT.

Les géologues savent que le sous-sol malien renferme de l’uranium. La compagnie minière canadienne Rockgate a déposé un permis d’exploration pour un gisement d’uranium à Faléa, à 350 kilomètres à l’ouest de Bamako, très proche des frontières du Sénégal et de Guinée. Le géant français Areva a procédé à des campagnes d’exploration dans la région de Saraya, du côté sénégalais. Le 15 novembre 2012, Rockgate a confié une étude de faisabilité à une société sud-africaine, DRA Group, pour son projet de Faléa, qui recèle, outre de l’uranium, de l’argent et du cuivre. Selon ses calculs préliminaires, le gisement recèlerait environ 12.000 tonnes d’uranium soit quatre fois la production de la mine Areva d’Arlit au Niger en 2012.

Le Mali est aussi le troisième plus grand producteur d’or de l’Afrique avec une exploration à grande échelle en cours.

Lire aussi :

L'intervention française au Mali est-elle motivée par des intérêts économiques ?

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Commentaires postés ( 8)

  1. Olivier-M dit :

    La fin de l’article est instructive :
    les gisements d’uranium sont au sud-ouest du Mali, donc le Mali n’a qu’à abandonner le Nord, et hop on arrête toute intervention. Les réserves au Nord correspondent à 4 années de production. Mais c’est rien du tout !!
    Donc, après un petit tour sur Wikipédia pour s’instruire, une lecture attentive et on peut conclure que cet article est très orienté .

  2. gouzou30 dit :

    4000€ par AASM ? Je sais bien que nous sommes en période de soldes mais quand même !

  3. eaglefor dit :

    Je ne connais les chiffres exactes mais le prix à l’heure des avions me paraît un peu étrange. De plus le Mirage F1 n’est pas pris en compte.
    Et pour les missiles pas la peine de les compter ils ne seront pas tirés….

  4. J3an-KevinLeBG du 91 dit :

    Ceci est une guerre économique car la france est en crise

  5. eaglefor dit :

    Ce n’est pas une guerre économique !
    Le Mali est une ancienne colonie française, ils ont appelé la France avant tout.
    Ensuite la menace est le terrorisme, la récupération des villes n’a pris que 15 jours à peine et maintenant ils partent vers le nord pour combattre ce terrorisme. Ces terroristes ont déclaré la guerre à la France. Donc nos soldats sont partis au Mali aidé l’Etat, mais avant tout pour nous protéger de toutes attaques terroristes.
    Certes Areva est très bien implanté mais les enjeux économiques ne sont que secondaire.

    • Daniel Favre dit :

      1) C’est le président par intérim Dioncounda Traoré qui a appelé la France à la rescousse, lequel ne bénéficie d’aucun soutien populaire. Le fait qu’une ancienne colonie comme le Mali appelle encore la France pour régler un conflit intérieur montre à quel point il est dépendant.

      2) La Libye n’était pas une ancienne colonie française et ça n’a pas empêché la France de s’engager militairement dans la guerre civile et d’éliminer son dirigeant avec l’appui des islamistes (appelés « rebelles » pour l’occasion).

      3) Les terrorisme malien est le résultat de l’engagement français en Libye. Aucune déclaration de guerre n’a été envoyée à la France, et il n’y a pas eu d’attentat sur notre territoire. En revanche la France, elle, a lâché des bombes.

      4) L’intervention en Libye et au Mali permet aux Occidentaux de contrecarrer l’influence de la Chine en Afrique.

      Quant aux « enjeux économiques secondaires », croyez-vous sérieusement que la France n’a pas besoin du nucléaire d’Areva ?

  6. henri dit :

    Bonjour

    il est normale que les VRP de l’islam et la charia critique l’opération Française
    quand au journal anglais, c’est un torchon Xénophobe, Francophobe qui n’a aucune valeur, juste un Tabloïd pourris !

    Les mines d’uranium d’areva, sont au Niger
    si la France était pressente pour l’uranium, les troupe française serais cantonné au Niger autour d’Arlit…
    On la bien vue en Irak l’armé US à foncé au champs pétrolifère, se contre foutant des population civile.
    ici c’est pas le cas du tout, les troupes française tante de sécurisé les villes
    -
    Cette gère est pour réparé les connerie de BHL et ninbus président, mai actuellement avec un Flamby et les bolchevique au manettes, sur que de nouvelle conneries vont être faites!
    +1 donc pour la râleuse blonde, qui avais vu juste sur toute la ligne !
    -
    vu se qu’il y à en face, on peut se demander l’utilité d’envoyer des Rafales ou des tigres.
    l’armé Française est équipé de joujou Hightech, qui conviennent mal au opérations actuel ( Afghanistan, lybie, mali ) et d’un autre coté de guenille lamentable.
    -
    ces hélicoptères sous motorisé sont complétement à la ramasse,
    avec ce type de conflit asymétrique
    pas besoins de technologie contre l’adversaire.
    on devrais concevoir et nous équipée d’hélicoptère type mi 24 ou ka 52,lourdement blindé avec une grosse puissance de feux,
    en Irak 75% des hélicoptère US se font avoir par un rpg sur le rotor arrière , le choix d’un rotor contrarotatif serais une avancé pour les hélicoptère occidentale.
    voir l’utilisation d’avion economique copié sur l’A10 américains, et pas forcement à réaction il pourrais voler avec des Turbopropulseur a 500/750 km/h
    se qui ferais tombé l’argument les cout
    et améliorerais la disponibilité et rapidité d’intervention, pouvant décollé sur des piste sommaire à quelques kilomètres des opérations

    il y a des rafales et des missiles super cheros pour détruire des pikup toyota, mai que 2 drones pour le renseignement … MDR

    Par nécessité d’économie :
    on devrais tiré des missile russe ( 12x moins cher que les notre ) largement suffisant contre des 4×4 …





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