L’apparition récurrente de fumée dans le cockpit a incité plusieurs pilotes d’hélicoptères Tigre de l’armée australienne à stopper les vols contre l’avis de leur hiérarchie. Une vingtaine de pilotes aurait déjà quitté l’armée (source : The Australian).
Des dizaines de pilotes de l’armée australienne ont mené une mini-révolte allant jusqu’à faire « grève » en refusant de voler sur leurs hélicoptères d’attaque Tigre ARH. Plusieurs équipages ont été gênés par des fumées émanant du cockpit pour la troisième fois cette année.
La dernière alerte a eu lieu au centre de formation militaire de Cultana dans le sud de l’Australie le 4 novembre. Des incidents antérieurs avaient eu lieu en mars et en juillet 2012. La flotte d’hélicoptères n’a pourtant pas été clouée au sol après ce troisième incident.
« L’équipage a appliqué la procédure standard en cas de fumées ou de vapeurs dans le cockpit et a atterri en toute sécurité à l’aérodrome d’El Alamein », a déclaré un responsable du ministère de la Défense de l’Australie.
Irrités par la décision de leur hiérarchie de ne pas suspendre les vols, les équipages du 1er Régiment d’aviation basé à Darwin ont voté contre la poursuite des vols jusqu’à ce que tous les problèmes de sécurité soient résolus. Un fait rare dans l’armée qui peut s’apparenter à de la mutinerie. Beaucoup de pilotes de l’armée australienne ont d’ailleurs été choqués que leurs collègues puissent voter et refuser de voler, défiant ainsi leurs officiers supérieurs qui avaient jugé l’hélicoptère opérationnel.
« Habituellement, il faut plutôt se battre pour empêcher un pilote de voler, » a déclaré un anonyme de l’armée.
Les vols du Tigre avaient été temporairement mis en veille en mars et en juillet 2012 en raison de fumées. Mais depuis 2007 le poste de pilotage du Tigre a tout de même enregistré 24 incidents de fumée.
De son côté, le ministère de la Défense australien a refusé de reconnaître que les pilotes avaient effectivement refusé de voler. Il a néanmoins reconnu les préoccupations des équipages et expliqué qu’une accalmie des vols n’était pas rare pendant les phases d’entretien.
Le ministère de la Défense a aussi confirmé que le 1er Régiment d’aviation n’avait pas volé depuis l’incident au centre d’entraînement de Cultana le 4 novembre.
« Aucun vol de l’ARH (Tiger Armed Reconnaissance Helicopter) n’a été programmé par le 1er Régiment de l’aviation à Darwin depuis l’incident des fumées à Cultana, » a t-il confirmé.
L’équipage brise la glace
Au cours du premier incident, l’équipage en tandem de l’hélicoptère Tigre avait dû ouvrir les fenêtres à l’intérieur du cockpit pour faire circuler l’air et dissiper les fumées. Lors du deuxième incident en juillet, la fenêtre du cockpit était coincée faute d’avoir été vérifiée pendant les inspections de pré-vol et l’équipage a donc été contraint de casser la verrière pour ventiler l’habitacle.
Selon les premières analyses, les fumées proviendraient d’un condensateur défectueux sur les anciens modèles d’un module d’alimentation dans le système d’affichage multi-fonction. Au départ, l’armée a d’abord pensé qu’il s’agissait du système d’air conditionné.
Plusieurs pilotes de Tigre ont dû engager des procédures d’évacuation pour préserver leur sécurité. En 2012, 22 pilotes d’hélicoptères ont même quitté l’armée dont deux du 1er régiment à Darwin.
En septembre, le commandant de l’escadron 162 du 1er régiment d’aviation, le major Archibald Hayden, avait pourtant affirmé qu’il aimerait combattre en Afghanistan avec le Tigre.
Mais l’armée australienne a été critiquée lors de l’enquête sur la mort en Afghanistan du pilote lieutenant Marcus où les enquêteurs avaient mis en évidence l’incapacité de l’armée à respecter les règlements de navigabilité opérationnelle.
L’armée de Terre australienne possède 22 hélicoptères Tigre ARH dont 16 sont déployés à Darwin. Ils ont été construits par Eurocopter, filiale du géant européen EADS, et assemblés à Brisbane par Australian Aerospace, pour un coût de 2 milliards de dollars. Le premier modèle assemblé en Australie porte le numéro 005 (photo ci-dessus).
Note : Le Tigre est un hélicoptère d’attaque et de reconnaissance construit à 80% en fibre de carbone. Il dispose d’un équipage en tandem composé d’un pilote et d’un opérateur d’armes (missiles antichars Hellfire, roquettes, canon de 70mm/30mm) et d’une cabine blindée. Son coût unitaire est d’environ 70 millions de dollars. Plusieurs versions sont produites : le Tigre UHT (Allemagne), le Tigre HAP (France), le Tigre ARH (Australie), et le Tigre HAD (Espagne, France).






C’est bizarre que ni les Tigre français ni ceux allemands ne présentent ce problème, enfin en tous cas ça n’a jamais été rapporté.
je m’interroge sur le fait que ce PB n’ait été constaté ou connu sur aucun autre appareil en service ??????
Yves
Si le Tigre ARH est le seul à présenter ce problème, peut-être que l’origine vient de la maintenance en Australie, ou de Brisbane où a été effectué l’assemblage.
Il faut observer qu ‘Australian Aerospace obtint le rang de » partenaire industriel » pour les appareils montés à Brisbane . L’assemblage se fit à partir de modules vides de leur contenu . Les techniciens australiens furent formés en europe pour « garnir » l intérieur de ces modules et ed ce fait ils posèrent les planchers eux mêmes , planchers dont ils assurèrent la fabrication . il y a donc une très grande difference avec la procedure franco allemande qui consistait à échanger des modules complets qu ‘il suffisait de « raccorder »… il est possible ??? que ces incidents spécifiquement ARH TIGER trouvent leur origine dans ces différences de procédures qui étaient en vigueur en 2006-07… .