La France se retourne vers l’étranger pour ses drones

Le 25 juillet, suite à une réunion à Londres, les ministres de la défense du Royaume-Uni et de la France ont confirmé que la France va acheter un drone Watchkeeper WK450B (photo) pour des évaluations opérationnelles et des essais en 2012 et 2013.

Ils ont également convenu d’un programme d’étude commun de 13 millions d’euros pour le développement d’un drone de combat par BAE (Taranis) et Dassault (nEUROn).

Il y a un an jour pour jour, le gouvernement français avait décidé de développer un drone Heron (IAI) francisé par Dassault-Aviation en vue de fournir un nouveau système de drones MALE en 2014. La transaction était estimée à près de 500 millions de dollars sur un certain nombre d’années.

Mais depuis les élections présidentielles et le changement de majorité au Parlement, les programmes de drones en France sont remis en question ainsi que la coopération franco-britannique sur le projet Telemos. Certaines sources proches du ministre de la Défense évoquent même l’achat de drones Predator aux américains.

Le 10 juillet dernier, la France et la Grande-Bretagne avaient annulé une conférence de presse conjointe au salon de Farnborough où il était prévu de discuter des progrès du projet de drones communs. Le ministre de la Défense Peter Luff, avait déclaré que le développement d’un drone MALE (moyenne altitude, longue endurance) et d’un drone de combat aérien était retardé, car le nouveau gouvernement français « fait une pause pour étudier ce qu’il peut se permettre. »

La France a également signé récemment un accord de sécurité en coopération avec l’Allemagne pour le développement d’un drone MALE mettant en compétition EADS face à BAE/Dassault.

Face à ce flou, la CFE-CGC a publié le 27 juillet un communiqué :

L’annonce par le ministre de la Défense de probables achats de drones à l’étranger ne surprend pas malheureusement la CFE-CGC. Par la voix de son Syndicat Aéronautique Espace Défense, elle a déjà exprimé à maintes reprises sa désapprobation devant la manière dont est traité ce dossier. D’un point de vue opérationnel d’abord : devant les atermoiements et changements de stratégie, le contribuable est en droit de se demander dans quelle mesure les besoins sont bien exprimés, ou dans quelle mesure on peut être certain de leur satisfaction au travers des acquisitions proposées. Il est vrai qu’on n’entend guère la Grande Muette sur le sujet. D’un point de vue politique ensuite. Le dossier des drones, à force d’être traité dans l’opacité, ne l’est pas vraiment. Si l’on peut comprendre que les enjeux de politique internationale impactent le sujet, il n’en demeure pas moins que rien n’est fait pour proposer aux industriels impliqués des orientations stables. Qu’il s’agisse de Thalès, Dassault ou Cassidian, ces groupes consacrent aux drones des effectifs non négligeables, à l’égard desquels un traitement normal des affaires constituerait a minima une marque de respect … Enfin, à l’heure où se préparent des coupes dans les budgets, l’achat de matériel étranger dans l’urgence n’interpellerait-il pas le ministère du redressement productif ? Cet achat ne devrait-il pas au moins s’inscrire dans un « european buy act » ? La CFE-CGC AED ne peut que craindre que l’attente de décisions allemandes ou britanniques aboutisse à quelques abandons, reports ou réductions. Ce serait alors une nouvelle fois utiliser la défense comme variable d’ajustement, ce que l’ensemble des personnels que nous défendons ne saurait cautionner.

Confédération Francaise de l’Encadrement et Confédération Générale des Cadres.

Quel drone armé la France devrait-elle choisir ?

  • MQ-9 Reaper (General Atomics, USA) (30%, 162 Votes)
  • Nouveau drone européen (EADS) (25%, 136 Votes)
  • Telemos (Dassault/BAE, France/Royaume-Uni) (23%, 123 Votes)
  • Heron TP (Dassault/Elbit, Israël) (9%, 49 Votes)
  • Watchkeeper (Royaume-Uni/Israël) (2%, 9 Votes)
  • Harfang modernisé (11%, 7 Votes)

Total des votes: 534

Loading ... Loading ...

Note : Le drone Talarion a été retiré des choix du sondage. Le président exécutif du groupe EADS, Tom Enders, a en effet annoncé fin juillet la fin du programme Talarion. L’entreprise a toutefois assuré qu’elle sera prête le jour où un client se manifestera pour des drones MALE mais, qu’en l’absence de programme militaire concret, le Talarion est abandonné.

Lire aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *