
Pour mener ses opérations à l’extérieur, la France utilise tout un arsenal aérien : porte-avion, porte-hélicoptères, escadrons de chasse, bombardiers mais aussi hélicoptères de combat. Seuls les drones armés lui font défaut. Ces moyens pour garantir le droit international se confond hélas souvent avec celui des États membres du conseil de sécurité*.
Le mot « guerre » est rarement prononcé par les hommes politiques. On parle plus volontiers « d’interventions militaires », « d’opérations extérieures ». Le mot « arme » lui-même est rarement évoqué, les industriels préférant parler de « matériels de défense ». La destruction des habitations (« infrastructures »), le bombardement de milliers de civils (« dommage co-latéraux ») sont rarement montrés et l’on s’attarde plus longuement sur la mort des militaires qui ont fait leur devoir. L’opinion publique, elle, rassure sa conscience grâce au mandat de l’ONU qui légitime nos interventions. Et quand l’ONU fait défaut, l’OTAN est toujours prompt à donner son feu vert comme ce fut le cas en Bosnie en 1999.
L’Afghanistan (2001-2012) : une guerre américaine

La guerre en Afghanistan a mis en évidence la carence des drones de combat dans l’armée française (ici un Harfang à Bagram).
Les avions de combat de l’armée de l’air française ont été engagés dès le 23 octobre 2001 en Afghanistan pour des missions de reconnaissance. Cette contribution s’inscrivait dans la « guerre contre le terrorisme » menée par les États-Unis suite à la destruction des tours new-yorkaises le 11 septembre 2011 . La responsabilité du régime taliban n’a toutefois jamais été prouvée et l’ONU n’a pas formellement autorisé d’intervention militaire mais simplement réclamé l’extradition d’Oussama Ben Laden à l’Afghanistan (qu’il a refusé). Sur le plan logistique, les avions français ont opéré depuis un pays du golfe arabo-persique puis de Manas, de Douchanbé où le détachement est devenu permanent à partir de 2006 avant d’être redéployé à Kandahar en septembre et octobre 2007. Durant près de 5 ans, ce détachement est resté à Kandahar où se sont succédés des avions Mirage 2000D, Mirage F1 CR, Rafale et, en 2008, un détachement d’avions Super Etendard de la Marine nationale. La plupart de ces opérations sont très bien décrites dans le livre de Frédéric Lert Pilotes en Afghanistan. À ce jour, 83 soldats français sont morts en Afghanistan. La France a programmé le retour de ses troupes dès juillet 2012. L’Afghanistan, lui, reste toujours en proie à la guérilla (11 864 civils afghans morts depuis 2001).
La Côte d’Ivoire (avril 2011) : Les hélicoptères règlent le contentieux électoral
Lors des élections présidentielles ivoiriennes en novembre 2010, la Commission électorale indépendante annonce vainqueur Alassane Ouattara avec 54,10 % des voix. Dans la foulée, le Conseil constitutionnel invalide ces résultats et proclame le président sortant Laurent Gbagbo réélu avec 51,45 % des suffrages. Or dans la constitution ivoirienne, la commission indépendante n’est pas habilitée à annoncer les résultats officiels puisque ce rôle revient précisément au conseil constitutionnel. Qu’à cela ne tienne, l’Union européenne et l’ONU ont considéré que le vainqueur était Alassane Ouattara. Dès lors, la France et les USA demandent tout bonnement à Laurent Gbagbo, pourtant validé par le conseil constitutionnel, de quitter le pouvoir. Naturellement ce dernier s’y refuse et après des mois de guerre civile, la France envoie finalement les hélicoptères Gazelle de la force Licorne pour déloger Laurent Gbagbo de son palais présidentiel. Bilan de l’opération : le président Gbagbo est littéralement kidnappé puis expédié au Tribunal International pour être jugé. Le président Ouattara peut alors gouverner. En terme juridique, cela s’appelle un coup d’État.
La Libye (mars-octobre 2011) : les Mirage français neutralisent Kadhafi

Kadhafi a été neutralisé par des Mirage 2000D en plein désert. Un pied de nez à cet ancien client de Dassault.
La guerre en Libye est aussi un bel exemple de détournement du droit international. Dans cette affaire, l’Occident a joué l’apparence d’une guerre mesurée (officiellement sans intervention terrestre) et légale (résolution 1973) en arrachant l’abstention de la Chine et de la Russie pour ébranler le régime de Kadhafi sous prétexte de protéger sa population. Client potentiel pour l’achat de 14 Rafale et reçu à l’Elysée fin 2007, Mouamar Kadhafi a finalement été stoppé en plein désert par des Mirage français puis assassiné par des rebelles islamistes. Après huit mois de guerre, le pouvoir a été confié au nouveau gouvernement transitoire libyen dans un pays en proie à l’anarchie et aux rivalités tribales. De plus, le « coup libyen » a sérieusement irrité la Russie et la Chine qui seront intraitables sur le dossier syrien.
* ce qu’on appelle couramment « La communauté internationale » se résume au Conseil de Sécurité autrement dit 5 pays membres permanents (sur les 193 de la planète) : USA, France, Royaume-Uni, Russie et Chine.


A propos de la Cote d’Ivoire, avant de parler de coup d’État, il faut rappeler que la Commission électorale indépendante agissait sous le mandat de l’ONU. Elle était donc sans doute plus objective que le Conseil constitutionnel dont tous les membres devaient leurs places à M. Gbagbo…
« L’objectivité » de l’ONU est relative aux intérêts du Conseil de Sécurité qui est dominé par l’Occident, la Chine et la Russie. L’ONU n’est d’ailleurs pas intervenu militairement lors des manifestations anti-Poutine durant les élections présidentielles russes. Il y avait pourtant des fraudes avérées…
Le petrole lybien était accessible aux compagnies occidentales avant et le sera toujours après, le pétrole n’a vraiment pas grand chose à voir dans cette affaire …
donc ?….