Le Canada envisage une alternative au F-35
27 mars 2012 · 3 Commentaires

Le gouvernement canadien a l’intention de mettre en veilleuse l’achat de F-35 durant 6 mois à un an, en attendant les développements de nouvelles versions aux États-Unis et avant de prendre une décision finale sur de futures acquisitions.
Les acteurs de l’industrie canadienne à Ottawa vont bientôt assister au dénouement final du programme d’avions de combat à fournisseur unique (Lockheed Martin F-35), qui accuse des retards, des défauts techniques et des dépassements de coûts. L’acquisition du F-35 annoncée par le Canada en juillet 2010 pourrait être remplacée par un appel d’offres international. Les probables prétendants seraient Boeing avec le F-18 Super Hornet, et Dassault avec le Rafale qui est déjà en négociation exclusive avec l’Inde pour l’achat de 126 avions.
Le F-18 et le Rafale sont bimoteur, ce qui constitue un élément de sécurité dans le Grand Nord canadien tandis que le F-35 ne possède qu’un seul moteur. Le Rafale, comme le F-35, est livré avec un radar à technologie furtive, et, selon certains experts, il pourrait être fabriqué presque entièrement au Canada. De son côté, le F-18 a l’avantage d’être massivement utilisé dans le monde, ce qui le rend très « interopérable » avec les forces aériennes de l’OTAN et avec la flotte aérienne actuelle de chasseurs CF-18 Hornet du Canada. En outre, Boeing et Dassault offriraient un meilleur accès aux « code source » de leur avion, que Lockheed Martin n’a pas été disposé à fournir pour le F-35.
« Dans notre milieu, nous sommes déjà dans une logique de compétition, » a déclaré un expert de l’industrie aéronautique de la défense canadienne. « Le ministre associé de la Défense nationale, Julian Fantino, dit lui-même que le gouvernement canadien étudie plusieurs options. Il y a une équipe au ministère de la Défense qui recherche d’autres plateformes sur le marché. Le choix d’une compétition est donc déjà fait. »
Au cours des six derniers mois, le gouvernement du premier ministre canadien Stephen Harper a été de plus en plus perplexe face à l’acquisition très coûteuse de 65 avions F-35, estimée initialement à 9 milliards de dollars. En tenant compte des coûts des services associés (soutien, formation), l’estimation du coût final est désormais plus proche de 16 milliards de dollars. Le Directeur parlementaire du budget, Kevin Page, a pour sa part estimé un coût de 30 milliards de dollars pour l’ensemble des acquisitions.
Un coût non maîtrisé
En réalité, personne ne sait aujourd’hui combien coûtera les 65 F-35 canadiens, car le nombre d’avions à construire et le calendrier planent dans l’incertitude totale. Le prix de production unitaire est lui-même évolutif d’une année sur l’autre. Le Pentagone s’est engagé à acheter 2443 avions F-35. Les partenaires internationaux qui comprenaient à l’origine le Canada, l’Australie, le Danemark, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, la Turquie et le Royaume-Uni - avaient prévu d’acheter 700 unités. Mais les retards et les annulations ont engendré un prix ascensionnel, qui a créé du coup d’autres annulations de commande. Le Pentagone a lui-même récemment diminué ses commandes à 13 avions pour 2013, et reporté 179 achats entre l’année prochaine et 2017.
Après les réunions du consortium F-35 à Washington et à Sydney, le Pentagone a cherché à rassurer ses partenaires la semaine dernière (récemment rejoints par le Japon, qui s’est engagée à acheter 42 F-35, tant que les coûts n’augmentent pas) et affirmé qu’il n’y aurait pas de retards supplémentaires. Visiblement peu rassuré, Julian Fantino a évoqué pour la première fois la possibilité de retirer le canada du consortium F-35. Le 23 mars, il a martelé que le budget de base du gouvernement de 9 milliards de dollars pour l’acquisition de nouveaux avions de combat était fixe. Ce qui signifie que l’escalade du prix unitaire du F-35 implique nécessairement une baisse des commandes, voire peut-être le choix d’un autre avion.
Mais il y a un autre problème. Les missions de la Royal Canadian Air Force (RCAF) pour la défense de l’espace aérien canadien exigent, au minimum, 65 avions. Initialement, les CF-18 Hornet de la flotte existante devaient durer jusqu’en 2017 ou 2018 grâce à des modernisations. La semaine dernière, M. Fantino, a évoqué une nouvelle la possibilité de prolonger la durée de vie des CF-18 à 2020 voire 2023.
Réduire le nombre de nouveaux F-35 aux côtés des anciens CF-18 est donc peut être une option. En outre, le gouvernement canadien envisage d’acheter jusqu’à 6 drones armés Reaper, qui, bien qu’ils ne se substituent pas à des avions de combat pilotés, pourrait être utilisés dans un rôle expéditionnaire.
Au final, tout changement significatif supplémentaire dans le calendrier de Lockheed-Martin ou de fixation des coûts, pourrait inciter les députés conservateurs canadiens à repartir de zéro.
Outre le F-35, le Rafale et le Super Hornet, les avions de combat internationaux susceptibles d’entrer en compétition au Canada pourraient être le Typhoon d’Eurofighter et le JAS 39 Gripen de Saab. Mais Eurofighter aura du mal à proposer une offre compétitive car l’un de ses partenaires, la Grande-Bretagne (avec BAE Systems), est déjà profondément impliqué dans le programme F-35 JSF. Quant au fabricant suédois Saab, son offre serait entravée par le fait que la Suède n’est pas membre de l’OTAN.
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par Edouard Maire




Bonjour à vous,
Je serais très surpris que le Canada envisage d’acquérir le Rafale. C’est un dossier que je suis religieusement et jamais dans les bulletins de nouvelles des chaines télé canadiennes anglaises ais-je entendu mentionné cette possibilité. Les nouvelles en langue française que j’ai entendues n’ont pas fait mention des choix disponibles.
Les très « britiches » (dans leurs traditions) forces armées canadiennes anglaises ont une répulsion naturelle à l’égard de la France. Souvenez-vous de la possibilité, dans les années 1980-1990, de l’achat de sous-marins britanniques ou français. L’offre française, à mon avis, était nettement plus avantageuses que celle de Londres. D’ailleurs, le Canada aurait obtenu plus de navires que ce que proposaient les Anglais. Mais, les médias canadiens anglais regardaient cette affaire comme une certaine trahison du gouvernement conservateur de Brian Mulroney si celui-ci procédait à l’achat français. L’état-major canadien se voit comme un petit frère de Washington et de Londres.
Les nouvelles canadiennes anglaises ont mentionné que le Canada n’achèterait pas d’avions russes et que le choix serait entre le Super-Hornet et l’Eurofighter.
Gilles Laperrière
Gatineau, Québec
Pourquoi le canada n’acheterait il pas des sukhoi? histoire de changer aussie l’air!
Je parie pour le Super Hornet…