La France offre un Jaguar au Chili

Un Jaguar de la base aérienne de Rochefort a été transféré à bord d’un navire pour être exposé dans un musée au Chili.

Retirés du service après environ 30 ans d’exploits aériens, six Jaguar* de la flotte ont trouvé un nouveau souffle à l’école de formation des sous-officiers de l’armée de l’air (EFSOAA), basée à Rochefort. Donnés à la section d’enseignement à la maintenance et à la structure « aéronef » pour l’instruction des élèves mécaniciens, ils ont notamment été utilisés pour effectuer le contrôle dynamique des paramètres moteurs, appelés « points fixes ».

Mais après plusieurs années de bons et loyaux services, ils sont aujourd’hui être remplacés par les avions-écoles Tucano, également retirés des forces de l’armée de l’air. Quatre d’entre eux sont cédés à des musées en France. Un seul reste sur la base de Rochefort. Quant au dernier, c’est à l’autre bout du monde qu’il fera admirer son long fuselage caractéristique.

Tout commence en 2006 lorsque le capitaine Frédéric Bouard, chef de la division « patrimoine et tradition » à la direction des ressources humaines de l’armée de l’air, cherche à donner une seconde vie à des avions retirés du service.

« Nous avons envoyé un message à l’ensemble des missions militaires dans le monde pour proposer de céder des anciens aéronefs inutilisés. Le Chili, cherchant un avion en bon état pour venir enrichir son musée, a immédiatement répondu. »

Un an plus tard, à Paris, l’attaché de Défense chilien rencontre le chargé au patrimoine de l’armée de l’air qui lui propose de céder à son pays l’un des Jaguar de Rochefort. Une fois les deux hommes d’accord sur les termes de cette passation, le dossier passe entre les mains de la cellule de coopération bilatérale à l’état-major de l’armée de l’air qui établit alors un accord intergouvernemental (AIG). Ce document indispensable donne un cadre juridique et officiel à la cession gratuite d’un matériel de guerre entre les deux pays. Ce n’est qu’à la fin de l’année 2011 que le ministre de la Défense chilien, en déplacement en France, a l’occasion de signer cette convention.

Reste alors un défi de taille à relever : le transport du Jaguar jusqu’au Chili. Un événement vient alors offrir une occasion en or pour acheminer le matériel. En effet, au même moment, l’armée chilienne a fait l’achat d’un bateau de transport de chalands de débarquement (TCD) auprès de la marine nationale française. Le TCD « Foudre », rebaptisé « Sargento Aldea » doit rentrer de Toulon à Valparaiso, au Chili, fin janvier 2012.

En décembre 2011, le groupement d’entretien, de réparation et de stockage des aéronefs, unité de l’armée de l’air stationnée à Châteaudun, réalise donc le démontage du Jaguar en deux semaines seulement. Puis, c’est le centre de transit et de transport de surface, une unité interarmées, qui achemine par la route les pièces détachées de l’avion vers Toulon. Le chargement à bord du bateau est effectué par le groupe de transit maritime de l’armée de terre.

Le Sargento Aldea a levé l’ancre le 26 janvier 2012 et navigue en ce moment entre deux océans avec, à son bord, une nouvelle pièce maîtresse du musée de l’aéronautique de Santiago du Chili.

* Avion de chasse emblématique de la guerre du Golfe, le Jaguar a été employé dans les forces françaises de 1973 à 2005. Mis en œuvre dans plusieurs escadrons de chasse, il fut utilisé pour de nombreux types de missions comme l’attaque au sol, l’attaque de précision avec de l’armement guidé laser, la défense nucléaire tactique ou même des missions de reconnaissance.

Source : Lieutenant Marianne Jeune, Armée de l’air

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